Grasse alerte et redoute un scénario à la Redoine Faïd
« J’étais de service ce soirlà. Je me souviens d’une intervention éclair, du bruit du rotor, des pales de l’hélicoptère, de la sidération. C’était extrêmement rapide, minuté, organisé, professionnel. » Le 14 juillet 2007, jour de Fête nationale, Pascal Payet se fait la belle en hélicoptère depuis la maison d’arrêt de Grasse. Hervé Ségaud, secrétaire local du syndicat FO Pénitentiaire, était de permanence ce soir-là. Depuis dimanche, et l’évasion à la prison de Réau, le personnel de Grasse est sous le choc. Comme pour Redoine Faïd, le pilote avait été pris en otage. Comme pour Redoine Faïd, le commando avait utilisé des disqueuses pour découper les portes et libérer Payet, qui purgeait à Grasse une peine de 30 ans pour le meurtre d’un convoyeur de fonds. En « copycat », Redoine Faïd s’est, sans doute possible, inspiré des actions de Payet pour se faire la malle. Car Payet, c’est LE spécialiste de l’évasion en hélicoptère. Il s’était déjà fait la belle ainsi en 2001 de la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône) et avait pris sept ans pour avoir organisé une autre évasion spectaculaire, toujours en hélicoptère, de la même prison de Luynes en 2003. À Grasse, en 2007, l’hélico venu libérer Payet s’était posé sur les toits. Depuis, les leçons ont été retenues. Des grands mâts haubanés y ont été installés. Sauf que, si des filets surplombent bien tous les espaces de promenade des détenus et le stade, la cour d’honneur, elle, n’est pas protégée. C’est ce que va dénoncer dans les prochains jours le syndicat FO dans un courrier envoyé à l’administration pénitentiaire. « Nous sommes exactement dans la même situation qu’à Réau avec l’affaire Redoine Faïd. Un hélicoptère pourrait atterrir dans la cour d’honneur, et il n’y a, comme à Réau, que peu de portes à découper à la disqueuse pour accéder aux parloirs », dénonce Hervé Ségaud. Des mesures d’urgence vont être demandées. Les agents de la pénitentiaire de Grasse ne veulent surtout pas revivre un scénario à la Payet ou à la Faïd : « En 2007, on aurait pu tout à fait se retrouver nez à nez avec un des membres du commando. Et là... »