LE FAUX PRÊTRE ARRÊTÉ À TOULON FACE AUX JUGES
Interpellé à Toulon alors qu’il se faisait passer pour un prêtre, Edmond Romano est poursuivi pour «escroquerie». Var-Matin a tenté de retracer son parcours, notamment dans le Var
Sauf coup de théâtre, Edmond Romano, qui n’en est pas à son coup d’essai, comparaîtra aujourd’hui à Toulon pour « escroquerie ». Var-matin retrace l’incroyable parcours du faux prêtre, notamment dans le département.
Edmond Romano, 60 ans, doit être jugé aujourd’hui à Toulon pour «escroquerie». Le 24 mai dernier, le sexagénaire s’était fait passer pour un prêtre du Vatican victime d’une agression. De quoi obtenir le gîte et le couvert au presbytère de la paroisse SaintGeorges à Toulon. Un fidèle lui avait remis un don de 360 euros et son hôte, le père Samuel, lui avait même fourni un col romain…
En soutane à La Crau
Sa fine connaissance des concepts théologiques avait trompé ses interlocuteurs. D’autant plus que le faux curé avait fait un passage dans le Var en juillet 2017, à l’occasion d’un forum religieux organisé à La Castille à La Crau, où il avait fait la connaissance du père Samuel. «Il portait la soutane…» L’imposture a été mise au jour à la faveur d’une recherche sur Internet par le diacre de la paroisse dans laquelle Edmond Romano s’apprêtait à passer la nuit du 24 au 25 mai. Il faut dire que « Don » Romano s’est forgé une sacrée réputation ces dernières décennies. Fin 1998, « la fripouille des bénitiers », tel que l’avait alors surnommé le journal Libération, avait notamment sévi à Épinal (Vosges) où il a concélébré quelques messes, volé des chèques et laissé des ardoises dans des bistrots.
Conseiller juridique à Draguignan
Mais l’escroc présumé ne s’est pas toujours fait passer pour un homme d’église. «Bien habillé, il était d’une politesse qui attire la confiance », se souvient Paulette depuis sa retraite dans le centreVar. « À l’époque, j’étais propriétaire d’un studio meublé à Draguignan. L’agence (immobilière) m’avait appelée en me disant : “J’ai quelqu’un à vous présenter”. » Et c’est ainsi qu’Edmond Romano s’est installé dans le Var, en avril 1998. «[Il] n’avait pas encore revêtu la soutane quand il a poussé la porte de la société Saint-Vincentde-Paul, rue de l’Observance, peuton lire dans un ancien numéro de Var-Matin (1). Il s’y est présenté comme un conseiller juridique, travaillant dans un cabinet d’avocat dracénois.» L’homme aura disparu trois mois plus tard, laissant derrière lui des factures et des loyers impayés. « Quand je suis allée au commissariat, les policiers m’ont montré une pile épaisse de plaintes… », confie Paulette qui a retrouvé son appartement après avoir fait appel à un avocat puis à un huissier. « C’était devenu un squat, il a fallu une semaine pour tout remettre en état ! »
Père de famille à Artigues
Sept ans plus tôt, en 1991, Edmond Romano apparaissait déjà dans le département. Il s’était brièvement installé avec son épouse et leurs filles – qu’il aurait fini par délaissées – à Artigues, dans le haut-Var. Le trentenaire n’avait pas eu l’occasion de s’inventer une vie. Rattrapé par une condamnation pour « grivèlerie » (trois mois de prison), il avait été incarcéré à Marseille. Au total, le casier judiciaire d’Edmond Romano porte vingt-trois condamnations depuis les années quatre-vingt. Vols, filouteries, escroqueries… Le tribunal correctionnel de Toulon pourrait ajouter une ligne aujourd’hui à cet incroyable palmarès.