CATHERINE PONTONE
Vécu douloureux
Après avoir quitté ou plutôt « fui » son pays natal, enfouissant un vécu douloureux pour lequel il peine encore à y mettre des mots, Loïc-Dorian arrive à 16 ans et demi à Toulon. Sans famille, en ne maîtrisant pas parfaitement la langue française, il n’a pour seul bagage son sourire et sa volonté de tendre la main aux autres. Placé dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance, il ne ménage pas ses efforts, et suit des cours de français avec l’association CAAA. À la juge pour enfants qui lui demande ce qu’il souhaite faire plus tard, il répond sans hésitation : « Je veux accompagner les personnes âgées ; “vous êtes la première personne qui me dit cela depuis que je suis juge”, m’a-t-elle répondu», souritil. Son immersion dans une maison de retraite toulonnaise, durant son parcours scolaire, n’a fait que le conforter dans cette voie. Dans ce « lycée d’amour », il remercie les équipes pédagogiques qui «se sont battues, été attentionné et à l’écoute pour que je puisse finir mon deuxième trimestre. » « Il a été très courageux, et très sérieux dans ses apprentissages », insiste sa professeur principale, Stéphanie Zerillo. Intégrer une classe lorsqu’on est sans famille et déraciné de son pays natal, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. « Comment expliquer que, depuis l’âge de huit ans, je n’étais plus allé à l’école. Alors me lever à 6 heures, c’était juste impossible, éclate-t-il de rire. Dans mon pays, je ne connaissais pas cela, ce côté presque militaire ! Chez nous, j’avais la liberté de tout faire. Évidemment, le premier trimestre a été très difficile, j’ai eu trop d’absences !» Et puis, il a compris que « travailler sans relâche» était devenu sa bouée de sauvetage pour s’offrir un avenir sur cette terre d’accueil. Une terre qu’il n’envisage plus de quitter. « Ma vie, elle est en France », dit cet amoureux du ballon rond, fervent supporter de l’équipe de France. « J’ai retrouvé une famille ici. Ils ont toujours été à mon écoute », dit Loïc-Dorian. Hébergé au sein de l’association départementale de la sauvegarde de l’enfance de l’adolescence et des adultes en difficulté du Var, il salue tout le soutien « qu’il 1. Comité animation. l’attente depuis plus d’un an Au stress se mêle, aussi, l’incompréhension face « aux difficultés administratives rencontrées pour les mineurs isolés après 16 ans et demi. » En quittant hier le lycée, la devise « Liberté, égalité, fraternité » sur le fronton de l’établissement toulonnais prend tout son sens. Et redonne espoir à ce jeune croyant et pratiquant. « Je prie Dieu que je puisse avoir ma carte de séjour pour pouvoir aider les personnes âgées et avoir l’amour que je n’ai pas ressenti depuis longtemps. » accueil alphabétisation