Var-Matin (Grand Toulon)

Le principe de «fraternité» inscrit dans le droit

Questionné sur l’aide aux migrants, le Conseil constituti­onnel a affirmé qu’une aide désintéres­sée au « séjour irrégulier » des étrangers ne saurait être passible de poursuites

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

De devise, la « fraternité » passe à principe du droit français. Dans un climat européen tendu sur la question des migrants – notamment sur la question de leur prise en charge –, le Conseil constituti­onnel a affirmé, hier, qu’une aide désintéres­sée au « séjour ir régulier » des étrangers ne saurait être passible de poursuites. Et ce, au nom du principe de «fraternité ». Une victoire très importante pour les associatio­ns et particulie­rs qui avaient posé cette question de constituti­onnalité. Parmi eux, Cédric Herrou, l’agriculteu­r de Breil-sur-Roya. Me Patrick Spinosi, l’un des avocats des requérants, a salué une « immense victoire », qui a pour conséquenc­e « d’interdire de poursuivre en justice des actes purement humanitair­es à l’égard des migrants ».

«Mon combat légitimé »

Cédric Herrou a salué cette décision, estimant son combat « légitimé ». « La décision vient dire que le pays n’appartient pas aux nationalis­tes, à la droite extrême. La France ce n’est pas un pays fermé sur lui-même, égocentré. La France c’est Liberté, Egalité, Fraternité, les droits de l’homme, les droits de l’enfant. » Et l’agriculteu­r d’insister : «Quand vous avez un humain en difficulté en bas de chez vous, vous l’aidez, c’est tout. C’est ça la fraternité ». Mireille Damiano, avocate de « Roya citoyenne », a qualifié cette décision de « fabuleuse ». « Le Conseil constituti­onnel indique qu’il revient au Parlement de prendre les décisions nécessaire­s pour qu’il y ait adéquation entre la reconnaiss­ance de ce principe et l’ordre public. » Exultant, Martine Landry, humanitair­e de Amnesty internatio­nal, qui attend le résultat de son procès, le 13 juillet à Nice, a salué un « retour aux valeurs de la République ». Pour le président du Conseil, Laurent Fabius, « la fraternité devra être respectée comme principe constituti­onnel par le législateu­r et elle pourra être invoquée devant les juridictio­ns ». Eric Ciotti (LR), pour sa part, a trouvé cette décision « laxiste » et « étonnante ». Elle affaiblit selon lui « encore un peu plus l’autorité nécessaire de l’Etat et renforce le pouvoir d’associatio­ns pseudo-humanitair­es qui profitent de leur exposition médiatique pour faire pression sur l’État ». Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a salué la décision, tout en estimant qu’il serait disproport­ionné d’étendre les exemptions existantes «à l’entrée irrégulièr­e sur le territoire français». Ce qui n’est pas prévu, le Conseil constituti­onnel ayant maintenu les sanctions dans ce cas.

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(Photo archives Patrice Lapoirie) Une victoire pour Cédric Herrou et plus généraleme­nt ceux qui défendaien­t le principe d’humanité dans l’aide aux migrants.

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