Macron revient devant le Congrès demain
Le président de la République devrait cette fois aborder surtout sa politique sociale, qui lui vaut de nombreuses critiques, venues de tout l’échiquier politique
Critiqué jusque dans son parti pour son manque de justice sociale, Emmanuel Macron convoque de nouveau demain les parlementaires en Congrès à Versailles pour tracer le cap économique et social. Prévu à 15 heures, son discours va aborder, pendant environ une heure, « les grandes lignes » des chantiers des 12 prochains mois pour mener à bien « la transformation du pays », de la réforme de l’audiovisuel aux retraites, selon les maigres indications lâchées par l’Élysée. Députés et sénateurs seront convoyés en bus jusqu’à l’hémicycle tapissé de rouge du château royal, tandis que le chef de l’État fera son entrée au milieu d’une haie de gardes républicains.
«Éteindre la mèche»
Comme l’an dernier, les députés de la France insoumise ont décidé de boycotter l’invitation, refusant d’entendre «le monarque» sans débat possible. Quelques députés des Républicains ne s’y rendront pas non plus, critiquant le coût et l’utilité du discours. Et les chefs de file Les Républicains de l’Assemblée et du Sénat ont refusé l’invitation à déjeuner avec Emmanuel Macron juste avant le discours. M. Macron transforme «une prise de parole présidentielle facultative et exceptionnelle en discours annuel de politique générale auquel les parlementaires ne pourront répondre qu’en son absence sans pouvoir voter », et ainsi « dénature l’esprit de la Ve République », a accusé hier la secrétaire générale des Républicains, Annie Genevard. Dans son discours, le chef de l’État «tracera les grandes lignes de son action pour l’année à venir et la mettra en perspective, mais ce discours n’a pas vocation à entrer dans le détail d’annonces », a indiqué la présidence. Il pourrait rappeler sa philosophie sur l’aide sociale, pour passer d’une « logique essentiellement compassionnelle, qui assigne trop souvent les individus dans les prestations sociales sans perspectives de sortie des dispositifs, à une politique sociale qui émancipe », a espéré la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Brigitte Bourguignon, qui représente l’aile gauche de LREM.
« L’équilibre n’a pas encore été trouvé »
Une nécessité, pour le député LREM Frédéric Barbier, qui estime dans Le Monde d’hier que depuis un an, « si l’on peut constater certaines avancées sociales, pour autant, l’équilibre n’a pas encore été trouvé» ,et qu’« un bouleversement est attendu afin de sortir des logiques comptables et budgétaires ». M. Macron pourrait donc, selon une source parlementaire, « éteindre la mèche » de sa sortie provocatrice sur le « pognon de dingue » que coûtent les aides sociales sans pour autant sortir leurs bénéficiaires de la pauvreté. Mais il ne détaillera pas le futur plan pauvreté, reporté à la rentrée, le temps d’effectuer des arbitrages budgétaires. « J’espère qu’il va parler de la pauvreté », a cependant commenté le président (LR) du Sénat Gérard Larcher, qui souhaite aussi qu’il aborde la défense de la laïcité. Le président devra aussi tenir compte de l’opinion. Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo paru jeudi, à peine le tiers des Français estiment sa politique « juste » (29 %) ou « efficace » (34 %). S’il est toujours jugé « dynamique » (à 75 %), le président incarne de moins en moins le renouveau (52 %) et seuls 45 % le trouvent « sympathique».