Var-Matin (Grand Toulon)

Arrêt sur images

Quatre gardiens bien connus des Azuréens décryptent la parade somptueuse et décisive d’Hugo Lloris face à l’Uruguay

- Par : V.M et Ph.C.

«Jel’aivuetrevu»

Jean-Luc Ettori : « Il voit vite, il va vite, il a la main solide. Tout ça mis bout à bout rend l’arrêt exceptionn­el. Je l’ai vu et revu le ralenti : il a les jambes un peu écartées au départ. Il ramène le pied droit vers le pied gauche et il pousse. C’est énorme ! Sans ce geste, c’est but. Là, sa poussée lui permet d’aller chercher le ballon et de se relever très vite. C’est l’image du match. Peut-être du Mondial. Hugo fait un grand tournoi. C’est un garçon et un gardien que j’adore. Je l’ai connu, il jouait en U. Je voulais le faire venir à Monaco. J’aimerais le voir champion du monde. Ce serait enfin la reconnaiss­ance de son immense talent.» Jean-Luc Ettori (gardien de l’AS Monaco de 1975 à 1994, 9 sélections en équipe de France)

« Il se relève vite »

André Amitrano : « C’est un arrêt d’exception. Un réflexe hors du commun. Sur le centre, Hugo est bien sur ses appuis. Ça va à  à l’heure, mais il anticipe. Il lit le jeu. Je pense qu’un rebond lui aurait donné plus de temps. Là, c’est encore plus difficile de se détendre, de repousser et de se relever comme il l’a fait. En se relevant si vite, il oblige Godin à la mettre au-dessus. C’est l’arrêt du Mondial. C’est plus fort que tout ce qu’a fait Courtois face aux Brésiliens. En plus, il y a le contexte : grâce à ce geste, les Bleus rentrent au vestiaire plus forts, ils mènent toujours -. Face à Pelé, Banks avait fait une manchette dans une position incroyable. Ce n’est pas le même arrêt, mais celui de Lloris restera lui aussi. » André Amitrano (gardien de l’AS Monaco de 1978 à 1982, de l’OGC Nice de 1982 à 1988, de l’AS Cannes de 1988 à 1994. Il est aujourd’hui entraîneur des gardiens de l’ASM.)

« Hugo est grand »

Lionel Letizi : « C’est sur ce genre d’action qu’on distingue le bon gardien du grand gardien. Lloris est grand, Muslera est bon. Sur la tête de Varane, le gardien uruguayen est à un mètre du ballon. Hugo va le chercher. C’est toute la différence. Tu crois qu’il y a but. Moi, je vois but. Eh non ! Techniquem­ent, Hugo est dans le bon tempo. Parce ce que ça se joue en une demi-seconde. Il part pile. Il pousse au maximum. Il s’arrache. Il faut aussi le mental. Muslera est parti battu. Hugo y a cru. Je suis sûr qu’il a déjà fait ce genre d’arrêt à l’entraîneme­nt. Mais là, il le fait en quart d’un Mondial, à -, avant la mi-temps. C’est le tournant du match. Hugo banalise l’exploit. » Lionel Letizi (gardien de l’OGCN 1992-1996 et 2007-2011, 4 sélections en Bleu. Entraîneur des gardiens du Gym)

« C’est du Banks »

Thierry Malaspina : « Il fait une Coupe du monde monstrueus­e. L’arrêt contre l’Uruguay, c’est un arrêt de légende. C’est du Gordon Banks. Son temps de réaction pour se relever devant Godin, c’est phénoménal. Techniquem­ent, c’est la perfection, avec cette fréquence de pas et cette poussée. Ce qu’il réalise est plus fort qu’un Courtois car Hugo est très peu sollicité. Il a un arrêt à faire, il le fait. Contre l’Australie, contre le Pérou, c’est lui qui nous maintient dans le match. Il est inattaquab­le. Avant la Coupe du monde, on avait échangé par messages. Ce n’est pas un grand expansif, pas quelqu’un qui va parler pour se sécuriser. Mais le débat autour de lui l’a renforcé, j’en suis persuadé. Ce match contre l’Uruguay, on le gagne grâce à lui. Cette parade, il ne la réalise pas à -, quand le match est plié. » Thierry Malaspina (ex-gardien du Gym, aujourd’hui entraîneur des gardiens de Lens)

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Photos : AFP, Epa, Dpa, F. Vignola, JF. Ottonello, C. Dodergny.

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