Var-Matin (Grand Toulon)

Lukaku le diabolique

 ans  sélections  buts meilleur buteur de l’histoire de la Belgique

- MATHIEU FAURE

A  ans, Romelu Lukaku avait déjà une tête de plus que tout le monde. Autour des terrains de jeunes d’Anderlecht, on se demandait si l’attaquant d’origine congolaise n’avait pas menti sur son âge. A  ans, le natif d’Anvers débutait en première division avec les Mauves. Un an plus tard, il bouclait une saison à  buts en profession­nel. Voilà déjà dix ans que Romelu Lukaku joue chez les pros et pèse près de  buts. Pendant longtemps, on s’est moqué de son style un peu bourru, de sa lenteur ou de son incapacité à s’imposer dans un très grand club. En , à  ans, il signe à Chelsea, où il ne s’imposera jamais. Par contre, à West Bromwich Albion et à Everton, Lukaku enfile les buts comme des perles. L’été dernier, Manchester United dépose plus de  plaques sur la table pour acquérir l’avant-centre. Lorsqu’il apprend son transfert, Lukaku est en vacances aux USA avec son pote Paul Pogba. Les deux garçons, nés en , s’apprécient énormément et partagent... le même agent. Un certain Mino Raiola (depuis, Lukaku a rejoint la structure montée par le rappeur Jay-Z).

« Je jouais avec tellement de colère »

Sous José Mourinho, Lukaku s’impose comme l’avant-centre numéro  de United ( buts toutes compétitio­ns confondues). Avec Eden Hazard et Kevin De Bruyne, Lukaku a marché sur la défense du Brésil en quart de finale : puissance, prises d’espace, remises. A  ans, Lukaku est déjà le meilleur buteur de l’histoire de la Belgique devant Bernard Voorhoof, Paul Van Himst ou Marc Wilmots. Invraisemb­lable quand on se replonge dans le passé du joueur. Début juin, l’homme s’est raconté dans un long texte publié dans «The players’ Tribune», un média qui donne la parole aux sportifs. Dans un texte rédigé à la première personne, Lukaku revient sur son enfance... «Je me souviens du moment exact où j’ai su que nous étions fauchés, attaque Lukaku. Je vois encore ma mère devant le réfrigérat­eur et l’expression sur son visage. J’avais six ans, et je revenais déjeuner à la maison à la pause de l’école...» Il poursuit : « Chaque jour, ma maman proposait le même menu : pain et lait. Quand on est un gamin, on ne s’en soucie même pas. Puis un jour, je suis rentré à la maison, je suis allé dans la cuisine et j’ai vu ma maman devant le réfrigérat­eur avec une brique de lait, comme d’habitude. Mais cette fois, elle mélangeait quelque chose avec le lait... De l’eau ! On n’avait pas assez d’argent pour finir la semaine. On était fauchés. Pas seulement pauvres, mais fauchés. [...] Je n’ai pas dit un mot, je ne voulais pas la stresser. J’ai juste pris mon déjeuner. Mais, je jure devant Dieu, je me suis fait une promesse ce jour-là...Je voulais devenir le meilleur footballeu­r belge de l’histoire. C’était mon but. Pas bon. Pas génial. Le meilleur. Je jouais avec tellement de colère, à cause d’un tas de choses... A cause des rats qui se promenaien­t dans notre appartemen­t... A cause du fait que je ne pouvais pas regarder la Ligue des champions... A cause du regard des autres parents à mon égard. » Aujourd’hui, Lukaku est millionnai­re et en demi-finale d’une Coupe du monde.

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(Photo AFP ) Romelu Lukaku, passion buts.

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