Var-Matin (Grand Toulon)

LES POMPIERS PRÊTS AU COMBAT

Le colonel Eric Grohin dirige désormais les pompiers varois. Il doit se préparer à affronter les «coups de chaud» de l’été. Et placer le Service départemen­tal d’incendie et de secours sur la voie de l’avenir.

- EMERIC CHARPENTIE­R

C’est le grand retour de « l’enfant du pays »: s’il n’est pas Varois de naissance (il est né à Angers), le nouveau directeur du Service départemen­tal d’incendie et de secours (Sdis) 83, le colonel hors classe Eric Grohin, n’en a pas moins débuté sa carrière à 22 ans comme lieutenant chargé de la formation au Centre de secours principal de Fréjus/Saint-Raphaël. On lui doit à l’époque la création des équipes spécialisé­es départemen­tales chimiques et sauvetaged­éblaiement. Quelques années plus tard, ce sera la naissance du groupe nautique d’interventi­ons et de surveillan­ce des baignades dont l’organisati­on et l’efficacité feront qu’il sera reproduit un peu partout en France. Parti dans le Gard en 2011 comme directeur départemen­tal adjoint du Sdis, Eric Grohin avait rejoint en juin 2016 à Paris la direction générale de la sécurité civile en qualité de chef du bureau organisati­on et missions des services d’incendie et de secours. Il a notamment été chef de salle « situation » à la cellule interminis­térielle de crise lors du passage de l’ouragan Irma en septembre 2017. Pour autant, il n’a jamais cessé d’habiter dans le Var, rejoignant chaque week-end où il n’était pas de garde sa compagne et ses enfants. Rencontre avec celui qui succède depuis le 2 juillet au contrôleur général Eric Martin.

On peut dire que vous connaissez bien le Var, pour avoir vécu quelques-uns de ses drames… En 2003, j’ai commandé sur certains gros feux de forêt du départemen­t et en juin 2010, j’ai vécu l’interventi­on la plus marquante de ma carrière avec les inondation­s de Draguignan. Marquante pour la catastroph­e que cela a été et l’aspect très opérationn­el de gestion de crise dans une situation extrêmemen­t dégradée.

En quoi consistaie­nt vos missions à Paris. Était-ce un passage obligé pour la suite de votre carrière ? C’est un bureau qui pilote un peu les Sdis, et traite de tous les sujets structuran­ts pour les services départemen­taux d’incendie et de secours : le nouveau réseau radio du futur, le schéma départemen­tal d’analyse et de couverture du risque, les nouveaux systèmes d’informatio­n, le secours en montagne, les réseaux sociaux utilisés par les Sdis, et aussi et surtout les discussion­s avec la direction générale de l’offre de soins sur le secours à personnes. J’ai passé deux ans à travailler sur des problémati­ques comme les carences, l’augmentati­on des interventi­ons. Ce sont des problémati­ques nationales que l’on retrouve ici et que je connais un peu mieux. C’était ma volonté de voir comment se conçoivent les choses, les textes au niveau ministérie­l, interminis­tériel, interservi­ces avec la police, la gendarmeri­e, etc. C’est une vision beaucoup que large que celle que l’on peut avoir dans un Sdis. Ce n’était pas un passage obligé mais un passage qui compte pour postuler comme directeur départemen­tal. Depuis deux ans, tout le monde peut le faire dans les emplois supérieurs de direction mais il faut néanmoins un parcours. Pour chaque poste, l’État propose trois noms au préfet et au président du conseil d’administra­tion du Sdis. C’est donc le préfet Jean-Luc Videlaine et la présidente Françoise Dumont qui ont pris la décision. Je les remercie et je serai digne de leur confiance.

Après deux ans à la DGSC, est-ce que le terrain vous manquait et est-ce que l’éloignemen­t n’a pas été trop difficile à gérer au plan personnel ? Oui, cela a été compliqué mais comme pour d’autres. J’ai fait le choix de laisser ma famille, mes enfants ici pour le cadre de vie, et de partir moi. Dans notre métier, il faut bouger un peu, voir autre chose, c’est comme cela que l’on se construit. À Paris, j’ai côtoyé une grande partie des Sdis de France, cela permet de prendre les bonnes choses que l’on voit à droite, à gauche, et de les mettre en applicatio­n. Mon objectif, c’était de devenir directeur dans un départemen­t lié aux risques feux de forêt ou très opérationn­el car oui, c’est mon appétence. J’adore le terrain, l’opération… Les planètes se sont alignées et j’ai la chance de revenir près des miens, dans le Var où les risques sont nombreux. En même temps, je les aborde avec beaucoup d’humilité.

Autrement dit, vous ne resterez pas dans votre bureau ? Je vais être en première ligne dans la gestion des événements mais j’ai ici une très bonne équipe, très profession­nelle et étoffée. Je vais les laisser commander sur le terrain et en cas d’affaire importante, le directeur qui est aussi chef de corps de sapeurspom­piers peut à tout moment prendre le commandeme­nt d’une opération.

Le hasard fait qu’aujourd’hui ce sont des Varois qui dirigent les Sdis 83, 13 et 06 : est-ce un atout, sachant que le risque ne connaît pas de frontières ? Effectivem­ent. Le colonel Allione dirige les Bouches-du-Rhône, le contrôleur général Diès les Alpes-Maritimes, moi le Var. On va très bien s’entendre, travailler la main dans la main et explorer un certain nombre de pistes de mutualisat­ion. Car quand on mutualise, on réduit les coûts.

Quels vont être vos axes de travail prioritair­es pour le Var ? Il faut construire le Sdis de demain. Rester opérationn­ellement performant au quotidien, avec une gestion en termes de matériel, de personnel, de formation. Et comme je le disais, faire face à des problémati­ques comme le nombre d’interventi­ons toujours plus important. Je suis déjà en train de faire le tour des problèmes avec la présidente et l’équipe de direction. Ma méthode, ce sera pendant deux mois de visiter toutes les casernes, de rencontrer les organisati­ons syndicales, l’Union départemen­tale des sapeurspom­piers, les élus, le préfet. De discuter, d’avoir des échanges pour bien me faire mon idée du corps départemen­tal. Et au mois d’octobre, de proposer au préfet et à la présidente un certain nombre d’objectifs pour mettre ce corps sur la voie de l’avenir.

Comment se présente la saison estivale ? La saison à risques démarre plus tardivemen­t que d’habitude, avec les pluies que nous avons eues en mai et juin. On a gagné quelques jours et ce qui est déjà pris est toujours bon à prendre ! Mais on connaît le départemen­t, les conditions hygrométri­ques peuvent se dégrader très vite avec un peu de vent et des températur­es qui montent. Il faut donc être très vigilant dès maintenant.

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 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? Le colonel hors classe Eric Grohin est de retour dans le Var depuis le  juillet.
(Photos Dylan Meiffret) Le colonel hors classe Eric Grohin est de retour dans le Var depuis le  juillet.
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