Var-Matin (Grand Toulon)

Ils sont immenses

Grâce à une performanc­e collective admirable, les Bleus ont battu la Belgique pour atteindre pour la troisième fois de leur histoire une finale de Coupe du monde

- VINCENT MENICHINI À SAINT-PÉTERSBOUR­G

Il y a, dans une vie, des moments plus intenses que d’autres, gravés à jamais, qu’on ne peut oublier, même avec le temps qui passe. C’est un baiser, un frisson, une image, une clameur, une odeur. C’était aussi cette demi-finale entre la France et la Belgique qui a atteint des sommets d’intensité et qui a accouché d’un magnifique vainqueur au terme d’un combat de tous les instants. Un combat physique, technique et tactique. Une merveille de match de football, dans un stade fabuleux, avec du suspense, deux gardiens au sommet de leur art, des gestes surréalist­es, comme cette douceur dans la surface de Mbappé qui n’est qu’amour, et des joueurs merveilleu­x d’un côté comme de l’autre. Il ne manquait que la ferveur en tribune pour que ce soit de l’ordre de l’exceptionn­el, mais c’était déjà très bien comme ça.

Deschamps connaît ça

Grâce à un but de la tête d’Umtiti, qui a eu l’excellente idée d’imiter son compère de la défense, en l’occurrence Raphaël Varane, la France a rendez-vous, dimanche à Moscou, pour y disputer la finale de la Coupe du monde, la troisième de son histoire. Ce sera contre l’Angleterre ou la Croatie, le sommet de la carrière de nos Bleus qui ne sont plus qu’à une marche du bonheur absolu, à un pas de décrocher ce qu’il y a de plus beau dans une vie de footballeu­r. Ils ont goûté à une finale d’Euro, à la maison, déjà, mais ce n’est rien comparé à ce qui les attend dans quatre jours. Didier Deschamps connaît ça, lui, et son vécu ressemble à une aubaine pour cette nouvelle génération de gosses qui a fait basculer le pays dans une douce hystérie.

Pour l’éternité…

Vingt ans après, les Lloris, Varane, Pogba et Griezmann écrivent leur propre histoire. Elle est incroyable­ment passionnan­te, ne ressemble à aucune autre et rassemble des hommes au grand coeur. Des âmes sensibles, même, comme on n’a pu le voir au terme de ces six minutes interminab­les de temps additionne­l, avec cette image saisissant­e et frissonnan­te de Griezmann agenouillé dans la surface, le nez dans la pelouse, les yeux rougis, qui venait de donner tellement à la patrie. Deschamps est venu enlacer Umtiti, le héros du soir, qui se prenait la tête dans les mains, comme s’il n’en revenait pas de l’avoir fait, lui, avec son genou grinçant qui l’empêche de s’entraîner entre les matchs. Qu’il ne change rien, qu’ils ne changent rien pour que la fin soit triomphant­e, comme en 1998. Vingt ans après le sacre de Zidane, douze ans après la chute de Zidane, la France ne doit pas gâcher une si belle occasion de rester pour l’éternité dans le coeur des gens, et notamment ceux qui, il y a une semaine encore, ne connaissai­ent pas Mbappé, Lloris ou Varane. Ce temps-là est révolu. Jusqu’à dimanche, on ne parlera plus que d’eux. C’est tellement mérité. Il ne reste plus qu’à, comme on dit… La France sera favorite, devra l’assumer pour que Lloris, le Niçois, aille soulever le plus beau des trophées. Un rêve ? Non, même pas.

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