Var-Matin (Grand Toulon)

Était-ce très difficile de finaliser votre premier album sans lui ?

- Votre longue tournée se terminera en février prochain au Zénith de Paris… Comment gérez-vous son absence sur scène ? Pouvez-vous nous parler d’Icarus, votre dernier single ? La musique noire américaine c’est l’ADN de votre projet ? PROPOS RECUEILLIS PAR J

Quand il parle de Her, Victor Rolf continue à dire « on ». Une évidence pour lui. Même si Simon Carpentier, son ami de toujours, celui qui était déjà son complice du temps des Popopopops, a été emporté par un cancer il y a près d’un an. Simon était malade depuis longtemps. Leur élégant projet, nourri à la musique noire américaine et aux sonorités de bluesmen des temps modernes usant de l’électroniq­ue, comme James Blake, a vite pris de l’ampleur. Choisi par Apple pour une campagne internatio­nale, le titre Five Minutes avait permis au duo rennais de s’offrir un vrai coup d’accélérate­ur en 2016. Malgré la peine, Victor a voulu continuer à creuser le sillon. Comme il l’avait juré à son alter ego. Les sensations sont très paradoxale­s. D’un côté, je suis très fatigué et encore très triste de la disparitio­n de Simon. Et d’un autre côté, je profite énormément de l’énergie du public pour me nourrir. Je transforme un drame en quelque chose de positif. J’essaie surtout de garder le cap, je l’avais promis à Simon. L’album était là, encore désorganis­é. J’ai dû m’assurer de ne rien oublier. Je suis retourné sur l’ordinateur de Simon pour chercher des textes, des sons, des idées. Le travail a été très fatigant, parce qu’il fallait assurer beaucoup de concerts en même temps. Je ne voulais surtout pas vivre avec le regret de ne pas être allé au bout de ce que je pouvais faire. Il n’a jamais été question de remplacer Simon. Le concept est absolument impossible à réaliser. Chaque personne est unique. J’ai voulu garder nos valeurs : jouer tout en live, sans ordinateur pour jouer certaines pistes. Il a fallu trouver les bons musiciens. On est cinq, on partage les rôles pour donner plus de relief à la performanc­e. C’est un des premiers titres écrits sans Simon. Il était trop malade pour travailler avec moi. Le On a recherché notre son. On a testé beaucoup de choses, on s’est documentés, on est allés voir des exposition­s. On a aussi beaucoup essayé de s’imprégner des cultures américaine et anglaise. On a pu arriver fort, avec des conviction­s. Et ça nous a aidés à nous démarquer dans un contexte de plus en plus uniforme. Quand quelqu’un sort du lot, il a vraiment droit à beaucoup d’attention. Elle a joué un rôle très important. C’est une volonté de s’ouvrir aux autres. On voulait déjà aller dans ce sens avec Simon. Un des défauts de la pop ou du rock, c’est le manque de collaborat­ion. Dans le hip-hop, tu as l’habitude de mêler les forces, d’associer différents artistes sur un titre. Avec Roméo Elvis, c’était

super simple, il connaît cette manière de travailler. J’aime créer avec des gens qui, sur le papier, ne collent pas avec moi. J’ai vraiment envie de me laisser toute la liberté pour expériment­er des choses, pour sortir de ma zone de confort. Récemment, j’ai rencontré un Ukrainien qui s’appelle Ivan Dorn. Il a une autre conception de la musique, il est plus orienté electro-techno. On a composé un titre à Berlin. J’aimerais beaucoup aller vivre en

Asie, au Japon en particulie­r.

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