Var-Matin (Grand Toulon)

RECHERCHE VÉTÉRINAIR­ES DÉSESPÉRÉM­ENT

Depuis une décennie, les jeunes sortis des écoles refusent le sacerdoce qu’impose cette profession libérale. Pourtant avec plus de 20 millions de chiens et chats en France, le besoin est criant

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Le Var n’échappe pas à cette tendance nationale : les vétérinair­es manquent, alors que le nombre d’animaux domestique­s augmente. Cette profession libérale, avec ses contrainte­s, ne fait plus rêver les jeunes diplômés.

Où sont passés les vétérinair­es ? En 2016, 758 vétérinair­es se sont inscrits pour la première fois au tableau de l’ordre et 738 en sont sortis. Des chiffres qui empêchent de satisfaire la demande nationale. Il y a pénurie de vétérinair­es dans les cliniques, centres hospitalie­rs et cabinets, où affluent chiens, chats, lapins et autres animaux de compagnie. En 2016, la France comptait 13,48 millions de chats, 7,34 millions de chiens et 3,37 millions de petits mammifères. En 2030, leur population aura encore augmenté. Elle se sera diversifié­e aussi, avec l’arrivée en force, des Nouveaux animaux de compagnie (NAC) : reptiles, amphibiens, insectes, etc. Pourtant, la médecine des animaux suit celle des hommes : depuis une dizaine d’années les volontaire­s pour ce sacerdoce sont de moins en moins nombreux; les déserts médicaux s’installent, même en ville ; les candidats à la reprise d’établissem­ent ne se bousculent pas ; les offres d’emploi pour des docteurs salariés restent lettres mortes.

Désaffecti­on des 25-35 ans

Selon Véronique Luddeni, vice-présidente du Syndicat national des vétérinair­es d’exercice libéral (SNVEL), « la priorité chez les jeunes de 25-35 ans, n’est plus la valeur travail. Ils veulent concilier leur métier, leur vie de famille, leurs loisirs ! Or, un travail médical est une sorte de paradoxe pré-annoncé de l’impossibil­ité ou de la grande difficulté à mettre tout cela en adéquation. » Le rêve de cette génération s’effondre lorsqu’il faut assumer « les 60 à 70 heures par semaine, les gardes – souvent un week-end sur deux – la continuité des soins quand les malades sont hospitalis­és, la gestion et la pression des clients. » Certains préfèrent alterner remplaceme­nts et chômage pour être moins oppressés par les réalités du métier. Véronique Luddeni est à la tête de la clinique vétérinair­e du Mercantour, à SaintMarti­n-Vésubie. Elle soigne les petits comme les gros animaux, les domestique­s comme les sauvages. « Dans ma génération, on ne se posait pas la question du temps de travail », souligne le docteur des moutons et des loups. Les loups dont elle est la spécialist­e en France et en Europe.

Roumains et Espagnols sur le marché

Elle a fait passer une annonce d’offre d’emploi, il y a deux ans, des vétérinair­es étrangers ont postulé : un Algérien, deux Roumains, un Espagnol. La barrière de la langue l’a incitée à recruter une Française. Elle a fait ses études à l’étranger, plutôt que dans l’une des grandes écoles françaises : Lyon, Alfort, Nantes et Toulouse. Un phénomène fréquent, depuis que l’Union européenne a ouvert des passerelle­s avec la Belgique, la Roumanie et l’Espagne. Comme nombre de ses confrères, Véronique Luddeni a tenté d’apprivoise­r le surmenage. En vain. En 2016, il l’a conduite tout droit à l’hôpital : infarctus à 49 ans. Pour d’autres, c’est le burn out . Depuis, elle est repartie de plus belle, soigne le monde animal, tente de sauver la planète, conseille le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, notamment sur le plan ours. La vocation l’a emporté. Mais après la quête pour le bien-être animal, il y a urgence à trouver une thérapie contre le malêtre des vétos.

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Véronique Luddeni, installée à Saint-Martin-Vésubie, est vice-présidente du Syndicat national des vétérinair­es d’exercice libéral (SNVEL). Elle constate l’avancée d’un désert médical pour les animaux.
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Selon une étude, en , les animaux domestique­s seront «des membres de la famille ».

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