Affaire Benalla: Collomb saisit l’inspection de la police nationale
L’IGPN va se pencher sur les règles encadrant la présence d’“observateurs” au sein des forces de l’ordre et comprendre comment, Alexandre Benalla, conseiller à l’Elysée, a pu frapper un jeune homme le 1ermai
Après que le parquet a ouvert, hier matin, une enquête préliminaire pour violences et usurpation de fonctions, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé, hier,
avoir saisi l’IGPN. « Pour savoir dans quelles conditions ceci s’est passé, j’ai demandé à l’Inspection générale de la police nationale de préciser quelles sont les règles pour l’accueil et l’encadrement de ces observateurs et s’il en existe, de vérifier dans ce cas précis qu’elles ont été mises en oeuvre », a-t-il déclaré lors des questions au gouvernement au Sénat.
Gérard Collomb sera auditionné par le Sénat
Le rapport de l’IGPN sera rendu public, a-t-il précisé. Alors que l’exécutif est confronté à un feu roulant de critiques depuis la révélation de ces faits par
Le Monde mercredi soir, le ministre de l’Intérieur, qui était jusqu’ici resté muet sur cette affaire, a affirmé que M. Benalla et un deuxième homme, gendarme réserviste et employé de LREM, également présent sur les lieux, « n’avaient aucune légitimité pour intervenir ». « Ces deux personnes n’avaient aucune légitimité pour intervenir. Elles avaient été autorisées par la Préfecture de police de Paris à assister en tant qu’observateurs et observateurs seulement au déroulement d’un service de maintien de l’ordre d’une manifestation. C’est là une pratique régulière qui trouve sa justification dans une logique de transparence et d’ouverture de l’institution policière », a expliqué M. Collomb. Le ministre de l’Intérieur sera auditionné par Sénat au début de la semaine prochaine. La commission des lois du Sénat « procédera à l’audition de M. Collomb (..) dans les premiers jours de la semaine prochaine, afin d’entendre ses explications sur les conditions de la participation de M. Alexandre Benalla (...) aux opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 1er mai à Paris » explique son président, le Républicain Philippe Bas. Le site du Monde a mis en ligne mercredi soir une vidéo filmée le 1er mai par un manifestant place de la Contrescarpe à Paris, où un homme, identifié comme Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence au moment des faits, coiffé d’un casque à visière des forces de l’ordre, s’en prend à un jeune homme à terre. Ces images ont déclenché l’indignation à gauche comme à droite. M. Benalla a été « mis à pied pendant quinze jours avec suspension
de salaire » et « démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président », pour « punir un comportement inacceptable »,
a détaillé le porte-parole de l’Elysée Bruno Roger-Petit.
Les réactions des politiques
« Si n’importe qui peut faire la police, nous ne sommes plus dans un
État de droit », a averti le chef de file de La France insoumise (LFI). Jean-Luc Mélenchon a pris la parole ce jeudi à la mi-journée depuis l’Assemblée nationale et lancé qu’« un juge d’instruction devrait être saisi ». Socialistes et membres des Républicains ont également pris part à la condamnation collective du comportement d’un proche de Macron. Sur France 2, hier matin, Olivier Faure, premier secrétaire du PS s’est inquiété de ce que l’article 40 du Code de procédure pénale n’a pas été respecté par Patrick Strozda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron et supérieur hiérarchique d’Alexandre Benalla. Pour Laurent Wauquiez, patron des Républicains : « à l’Élysée, on se croit au-dessus de tout. (...) Quand on est à l’Élysée, on doit montrer l’exemple », a-t-il estimé. Après avoir appelé le président de la République à s’exprimer sur ce proche collaborateur, Laurent Wauquiez a dit vouloir être
certain « qu’à l’Élysée, on n’a pas cherché à camoufler cette affaire ».