Var-Matin (Grand Toulon)

« Mon fils m’a beaucoup aidé »

- Entretien réalisé par Vincent MENICHINI Photos : Frantz BOUTON et AFP

Elle ressemble à quoi la vie de Didier Deschamps depuis dimanche soir ? (Direct) Elle est belle. Je profite avec ma femme, mes amis. Je reprends le cours de ma vie normale. Je fais pas mal de photos, de selfies, et non pas qu’avec des Français…

Il y a de la fatigue, aussi ? Oui, un peu. J’ai un peu perdu ma voix, car on en a bien profité avec le staff et les joueurs (sourires).

Quel a été le moment le plus fort sur le plan émotionnel ? Celui où vous entendez le coup de sifflet final lors de France – Croatie ? Il y a tellement de moments forts... Quand le match se termine jusqu’au moment où Hugo lève la Coupe, c’est une sorte de consécrati­on. On se dit : “Ça y est, on est champion du monde…” Mais notre retour en France, depuis Roissy, c’était quelque chose d’incroyable. Voir autant de monde sur les bords de la route, les voies d’en face à l’arrêt, c’était fabuleux.

Une fois sur les Champs-Elysées, il y a ce bruit impression­nant et étourdissa­nt que fait la foule… Ha oui… Cela a un côté surréalist­e. A cet instant, il y a tellement d’émotions, des fumigènes un peu partout, de la joie, des cris. C’est une foule en délire avec des enfants, des parents, des grandspare­nts. On voit des sourires, partout. Dans le sport, on a la possibilit­é de donner du bonheur aux gens. C’est un privilège, même, qui ne résout pas malheureus­ement tous les problèmes du quotidien. Or, partager ça avec le peuple français, c’est magique. Car, on est tous champions du monde.

Cela vous a rappelé votre défilé de  ? C’était différent car on était en France. Là, on était loin. On avait des bribes d’informatio­ns, vu des images mais on ne pouvait pas réellement se rendre compte de ce qu’il se passait en France.

Avez-vous craqué ? Oui, de bonheur… Je ne pleure pas de joie. J’ai savouré et je savoure encore.

A chaque fois que votre équipe marquait, vous vous retourniez systématiq­uement vers vos proches. C’était un besoin? Ils étaient là, à tous les matchs, en groupe. Je savais où ils étaient. Il n’y a pas eu que des moments agréables ces derniers mois. Pour ceux qui m’entourent, ça a pu être violent, injuste. Ils sont même beaucoup plus tendus et stressés que moi pendant les matchs…

C’est votre clan ? Oui, c’est ma vie.

Vous êtes plus expressif qu’avant, non ? Je ne sais pas… J’arrive à  ans, c’est peut-être ça (sourires). J’avais tout simplement envie de savourer parce que c’est le haut-niveau et que c’est dur.

Il y a également eu cette communion avec votre fils Dylan… C’est particulie­r car il était trop petit quand j’ai connu ça en tant que joueur (ému). Il m’a beaucoup aidé, bien préparé, car il est de la même génération de beaucoup de mes joueurs. Du coup, rien ne me choque. Il m’a entraîné, même, car il parle comme eux, a les mêmes centres d’intérêt, écoute les mêmes musiques. Je suis vacciné (rires)… Après, on n’est jamais vraiment objectif avec ses propres enfants. Mais je sais qu’il attendait ce moment, qu’il voulait le vivre avec moi. C’était donc très fort, oui.

Avez-vous pensé à l’après, déjà ? Non. On va profiter d’abord, mais il y aura une suite.

Vous serez toujours le sélectionn­eur de l’équipe de France, en septembre ? Oui, oui, à moins que mon président en décide autrement (sourires). C’est prévu comme ça, j’ai toujours respecté mes engagement­s. J’ai une relation de confiance et de respect avec Noël Le Graët. Il compte sur moi jusqu’en . Je serai là.

N’était-ce pas le moment idoine pour partir ? J’ai ma liberté mais je n’y ai pas pensé, comme je n’ai jamais songé à l’après avant l’Argentine ou l’Uruguay.

Et si vous aviez gagné l’Euro en , ça aurait pu changer la donne ? On ne l’a pas gagné, donc, la question ne se pose pas. Peut-être que ça nous a permis d’être champions du monde mais on a laissé passer une opportunit­é incroyable d’être champions d’Europe.

Vous n’avez toujours pas digéré ? C’est dur… Mais bon, ça nous a servis pour appréhende­r cette finale différemme­nt.

Vous avez rejoint Mario Zagallo et Franz Beckenbaue­r dans le cercle fermé des vainqueurs de Coupe du monde en tant que joueur et entraîneur… Franz Beckenbaue­r m’a invité. J’irai avec grand plaisir.

Le doublé Coupe du monde-Euro, joueur et entraîneur, ça n’a jamais été fait… Ha bon ? Il y a toujours des choses qui n’ont pas été faites. Je ne vais pas m’en plaindre. On verra bien.

En , je serai là. On compte sur moi. »

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