«PHM», double ration de plaisir
Moins d’un an après s’être À fond, comme toujours. Il retiré du circuit pro, Paul-Henri Mathieu a entamé sa seconde vie. l’a prouvé au bord de l’eau cristalline du port de Saint-Tropez
Retraité. Le qualificatif colle mal au visage toujours juvénile de Paul-Henri Mathieu. L’Alsacien, 36 ans, a quitté le circuit ATP en novembre dernier. Il rayonne, comme en témoigne sa première participation au Classic tennis tour de Saint-Tropez depuis hier. « PHM » ou « Paulo », pour les intimes, n’a pas boudé son plaisir de participer à un tel événement, ouvrant sa journée par quelques échanges avec des enfants venus des clubs du golfe. L’ancien n°12 mondial a aussi pris le temps de discuter.
Comment va le jeune retraité ? Tout va bien, même si je n’aime pas le terme de retraité. J’ai pris un peu de recul. Je me suis lancé dans l’entrepreneuriat. Avec un associé, on a lancé une application, “Tie-Break”, sur la mise en relations des partenaires et la réservation de courts. Et on est en train de concevoir une marque textile % made in France, liée au sport. C’est bien de s’ouvrir à de nouveaux projets.
Vous avez encore le temps de jouer ? Un petit peu. Quand j’ai arrêté, j’étais en overdose. Mais j’ai repris et je vais m’y remettre. Tennistiquement, je n’ai pas perdu, mais physiquement (« il est sur le point de re-bien jouer », est intervenu Llodra après avoir été battu par Mathieu)... Près d’un an après, est-ce dur de se dire que le tennis est derrière vous ? Dur, non. Je savais que ce serait ma dernière saison. Mais même si on est préparé, ce n’est jamais évident de tourner la page. C’était mon rêve depuis tout petit. Mais j’essaie de garder un pied dedans. Ça me permet aussi de passer plus de temps en famille (il est marié et père de deux enfants, Ndlr). Qu’est ce qui vous manque le plus ? L’adrénaline des avant-matches et des matches. Mais pas tout ce qu’il y a autour. Les entraînements, les déplacements, etc. Ça engendre tellement de sacrifices… Je n’ai aucun regret. J’ai eu des hauts et des bas, mais j’ai été extrêmement chanceux.
De quoi êtes-vous le plus fier ? D’avoir duré le plus longtemps possible. De ma persévérance, malgré les blessures que j’ai pu avoir (dont une au genou qui l’a éloigné des courts pendant plus d’un an, Ndlr). Au début de ma carrière, j’aurais signé pour jouer jusqu’à ans.
Revoir Guy Forget dans un cadre convivial, ça doit raviver quelques souvenirs… Guy, c’était mon capitaine de Coupe Davis. C’est sympa aussi de revoir Mika (Llodra) que je connais mieux. En fait, on se rend compte que le temps passe vite...
Quel oeil portez-vous sur l’évolution du tennis pro ? Il s’est beaucoup professionnalisé, ce qui est positif. Les joueurs sont beaucoup plus entourés. Ils sont devenus de vrais athlètes.
Et sur la nouvelle génération française ? Ce n’est pas la génération dorée que l’on a eue nous, avec Tsonga, Monfils, Gasquet, Simon, Paire… Là, il y a un trou, ça tarde à arriver. Les Américains ont connu la même chose. C’est une période pas forcément évidente. Il faudrait essayer de davantage donner envie aux jeunes, qu’ils viennent là par passion... Bon, il y a quand même Lucas Pouille en chef de file. C’est bien d’avoir un Français qui montre ses ambitions. Il veut viser plus haut, c’est dur, mais il en est conscient. J’espère qu’il arrivera à ses objectifs. On aime bien vibrer sur les Français, et pas qu’à la Coupe du monde !
Les tournois exhibition, comme à Saint-Tropez, ça peut vous séduire ? Je suis très content d’être ici. C’est une chance et c’est toujours un plaisir. Et puis c’est sympa de rejouer dans un lieu magique. Le tennis est ma passion depuis tout petit. C’est une chance.