Pierre Prins, l’impressionniste inconnu
Une centaine d’oeuvres de ce peintre et pastelliste, proche de Manet, sont mises en vente par Cannes Enchères. L’occasion de découvrir le talent d’un artiste méconnu du public.
C’est un artiste important, mais oublié ». Avec ces quelques mots, Me Nicolas Debussy, de Cannes Enchères, résume le destin de Pierre Prins (1855-1913). Ce dimanche 22 juillet, l’étude du commissaire-priseur disperse une centaine d’oeuvres de ce pastelliste méconnu du grand public. A la fois peintre, graveur et sculpteur, considéré comme le dernier des impressionnistes, Pierre Prins aurait pu connaître la notoriété, s’il l’avait souhaité, tout comme ses célèbres contemporains, Manet, Monet, Pissaro et les autres. On lui reconnaît un talent indéniable pour traduire l’air et la lumière, les vibrations de l’eau. Mais l’artiste timide et introverti mènera une carrière solitaire et ne participera jamais aux expositions de ses confrères impressionnistes. Pierre Prins sera un très proche ami d’Edouard Manet, qui officiera comme témoin à son mariage. Symbole de ce lien étroit entre les deux hommes, sa femme, Fanny Claus-Prins, est représentée sur le célèbre tableau de Manet, « Le Balcon », exposé au Musée d’Orsay. Parmi ses amis, on compte aussi Stéphane Mallarmé et Alfred Sisley, avec lequel il partage le goût de la campagne.
La passion du pastel
Sur les conseils de Manet, Pierre Prins commence à utiliser le pastel dès 1862, technique que l’artiste sera le seul de sa génération à employer de manière aussi récurrente. S’il n’a pas reçu de formation académique, il bénéficie toutefois d’une double transmission artistique par son grand-père paternel, peintre héraldiste et miniaturiste, et par son grand-père maternel, sculpteur sur ivoire. En 1877, sa carrière est stoppée net suite à la mort de sa femme, qui s’éteint prématurément à leur domicile. Rongé par le chagrin, Pierre Prins ne travaille plus, et ce n’est qu’avec le soutien de Manet qu’il retrouve peu à peu goût à la vie, reprenant ses pinceaux et ses pastels pour peindre son sujet de prédilection : les paysages. Peu avant de mourir, il demandera à ses héritiers de ne pas exposer son travail pendant une période de trente ans après sa mort, contribuant ainsi à laisser son oeuvre dans l’ombre. Son talent a toutefois connu un regain de notoriété ces dernières années. Rendant hommage à l’artiste, les musées d’Orsay ou des Terre-Neuvas à Fécamp notamment ont exposé ses oeuvres. Avec la vente de ses toiles, c’est tout un pan de l’histoire de l’impressionnisme qui refait surface. « Peu d’oeuvres de la génération des impressionnistes demeurent aujourd’hui en circulation sur le marché de l’art », souligne Maître Debussy. Proposée à des prix attractifs, la collection, issue des héritiers du peintre, de-