Regards croisés de trois députés de la métropole
Jean-Louis Masson (LR): «On n’a pas fini d’en parler!»
Après une semaine marquée par la polémique politique, trois députés de la Métropole rembobinent les débats et confient leur sentiment sur une crise inédite sur l’ère Macron
Membre de la commission d’enquête parlementaire, Jean-Louis Masson, député de la troisième circonscription, était aux premières loges… et particulièrement en pointe au sein du groupe Les Républicains, en raison de sa carrière au sein de la Gendarmerie et de son expérience des procédures de maintien de l’ordre. Hier, il livrait sa vision d’une semaine particulière.
Une chape de plomb sur la commission
J’ai fait mon travail sérieusement les premiers jours et puis on s’est aperçu qu’une chape de plomb tombait sur la commission des lois de l’assemblée nationale, ce qui n’est pas le cas au Sénat. On s’est retrouvés brimés, à ne pas pouvoir entendre des gens dont l’audition aurait pu concourir à la manifestation totale de la vérité. On a ressenti la volonté d’étouffer les faits qui nous paraissent graves pour en faire une affaire purement personnelle ce qui n’est pas le cas du tout.
On pouvait attendre la manifestation de la vérité. On a été empêché de le faire parce que la responsabilité remonte au Président de la république en personne. Il est au coeur des dysfonctionnements.
La séparation des pouvoirs est mise à mal parce que, sur la commission d’enquête parlementaire de l’assemblée nationale, la présidente exécute des instructions qui viennent directement de l’Élysée, c’est manifeste dans sa
façon de conduire les débats. Confusion des rôles
On peut observer sur le fond que qu’il y a une tentative de gouvernementaliser l’exécutif au niveau de l’Élysée. C’est une confusion au regard des institutions. L’article de la constitution, précise que le gouvernement gouverne et est responsable devant le parlement. Ce n’est pas le président qui gouverne et qui est irresponsable devant le parlement.
Une dérive constitutionnelle
Ce n’est pas une tempête dans un verre d’eau. Cet événement, qui pourrait paraître mineur, n’est que l’illustration d’une dérive constitutionnelle et de la peur qu’inspire la Président de la République sur de très hauts fonctionnaires et même le ministre de l’Intérieur. Ils préfèrent être parjures plutôt que de le contrarier. C’est assez surprenant !
Le refus de faire cesser l’infraction et d’établir un procès-verbal, c’est le refus de contrarier le chef de l’État. Ni le préfet de police, ni le ministre de l’Intérieur, ni le premier ministre ne veulent contrarier le tout puissant Jupiter.
Un tournant
L’affaire Benalla, on n’a pas fini d’en parler. Ça va marquer un tournant dans la présidence d’Emmanuel Macron.
Une proposition de loi à la rentrée
Au regard de l’article du code de procédure pénale, toute autorité constituée doit informer le procureur de la République de la commission d’une infraction. Personne ne l’a fait. Ni le secrétaire général de l’Élysée, ni son chef de cabinet, ni le préfet de police, ni le directeur de l’ordre public et la circulation… Je suis en train de rédiger une proposition de loi, que je présenterai à la rentrée pour prévoir une codification de peine à la non-application de l’article . Pour l’instant, le code de procédure pénale ne prévoit rien si une autorité n’applique pas l’article . Moi, je propose que ça devienne un délit.
Vie politique
Personne ne pourra m’empêcher de défendre les valeurs qui sont les miennes. Je constate qu’au sein des LR, on a la liberté de s’exprimer et on y échange. Ce système me convient. Je ne pourrais pas du tout être le godillot d’un parti présidentiel, comme certains. Je ne sais pas comment ils vivent la pauvreté de leur participation à la vie politique. Geneviève Levy était injoignable, hier.