Var-Matin (Grand Toulon)

Un tuk-tuk  % écolo pour les trajets du quotidien

Le tuk-tuk de Sébastien Di Cosmo sillonne les routes de La Londe et alentours depuis le début de l’année, promenant touristes et habitants de la commune entre le centre-ville et les plages

- G. A. gaubertin@nicematin.fr Retrouvez notre vidéo sur varmatin.com #solutions

Il ne passe pas vraiment inaperçu dans les rues de La Londe. Au centre-ville, certains badauds semblent même se pincer pour être sûr d’avoir bien vu. Oui, il s’agit bien d’un tuk-tuk, d’un vrai, comme on en croise qu’en Asie du sud-est ou dans d’autres contrées lointaines et exotiques. « En fait, on est à la mode asiatique mais avec le confort européen » ,apprécie Laurent, l’un des premiers clients de la journée, qui a déjà vécu en Thaïlande. Ce jour-là, «à cause d’un problème de vitre sur (sa) voiture », il a fait appel à Sébastien pour se rendre à la plage en compagnie de sa fille Jade. La jeune fille kiffe à souhait, évidemment. Car «c’est rigolo» et qu’on y a « moins chaud qu’en voiture ».

Le prêtre et la Police municipale à bord

Difficile surtout de trouver un moyen plus original de se déplacer sur les petites routes du Var. «Mon objectif, explique Sébastien, au guidon de son tricycle motorisé, c’est de permettre aux gens de faire des petits trajets sans avoir à prendre la voiture, et donc de fluidifier la circulatio­n en centre-ville. » Pour embarquer à bord de l’engin, un simple coup de fil suffit. « Je prends tout le monde: les Londais, les touristes, même la Police municipale ou parfois le prêtre qui revient de Porqueroll­es et fait appel à moi. » Sébastien n’a jamais mis un pied en Asie. L’idée d’importer un tuk-tuk en terre varoise lui est venue par le plus grand des hasards. Comme si le destin avait frappé à sa porte sans crier gare. «J’ai eu le déclic lorsque j’étais à l’hôpital après m’être fait les croisés du genou pendant

un match de foot », rembobine cet ancien joueur du Sporting, qui a été éducateur sportif au Lavandou, à Bormes et Carqueiran­ne.

Merci Boris Cyrulnik

À ses côtés, dans sa chambre, un certain Boris Cyrulnik. Tous deux partagent la même télé. Le « neuropsych­iatre le plus célèbre de France» s’empare alors de la télécomman­de et zappe sur Arte, qui diffuse un documentai­re consacré à ces fameux «tuk-tuk» asiatiques. En pleine convalesce­nce sur son lit d’hôpital, Sébastien a une révélation. « Je me suis dit que c’était ça qu’il fallait faire, raconte-t-il. Permettre aux gens de ne pas utiliser leur voiture sur de petits trajets. » Deux ans plus tard, le jeune quadra ne chôme pas. Pourtant, tout n’était pas gagné d’avance. « En

France, théorise-t-il, on a 5 000 lois, mais il y en a 4 900 qui ne servent à rien ». Les galères administra­tives qu’il a dû affronter sont désormais derrière lui. Et en cette chaude période estivale, Sébastien travaille principale­ment avec les touristes. Tony et Dominique ont justement prévu d’aller faire un tour au fort de Brégançon. Le couple originaire de Saint-Etienne se dit « conquis » par ce système de transport. En chemin, on récupère René et Jeanine, un couple de retraités tout droit venu de Marseille. « Oh pétard, ça bombarde », lance René, dans un accent qui fleure bon la sardine et le petit jaune. Pendant que le chauffeur joue les guides touristiqu­es à l’avant - « l’Estagnol et son sable cristallin sur votre droite, une des plus belles plages du Var», puis « les ravages des incendies de l’an passé sur votre gauche » - les deux couples font connaissan­ce à l’arrière. «C’est pour ça que j’ai tourné les banquettes pour que les gens soient face-à-face. C’est quand même plus convivial», s’enthousias­me le transporte­ur londais.

« C’est un peu le feu en ce moment »

En effet, l’ambiance est plutôt bon enfant. Les passagers devisent sur leurs spécialité­s culinaires locales. «Râpée» et cuisses de grenouille de Saint-Etienne contre Pastis de Marseille, le match est lancé. « Et si on s’invitait à l’apéro chez le président », lance René à l’approche de la résidence présidenti­elle. Au volant de son bolide, Sébastien, lui, a du mal à gérer ses appels téléphoniq­ues. « C’est un peu le feu en ce moment », s’excuse-t-il en planifiant ses prochaines courses. À peine a-t-il eu le temps de déposer le petit groupe de touristes qu’il faut repartir. « Cette fois-ci, c’est pour une famille que je dois déposer au supermarch­é ».

« Mieux que le bus »

Valérie et Jean-Luc n’étaient jamais montés à bord d’un tuk-tuk. Originaire de Haute-Saône, la petite famille a rallié le Var en train. Alors, dès qu’il faut se déplacer, les vacanciers font appel à Sébastien. « C’est bien mieux que de devoir attendre le bus pendant des heures sans savoir à quel arrêt descendre.» Le plus thaï des taxis varois l’a bien compris. Or, comme il tient à préciser, « l’idée n’est pas de faire concurrenc­e aux taxis. C’est pour cela, poursuit-il, que je ne vais ni à la gare ni à l’aéroport ». Il a déjà assez à faire entre le centre-ville et les plages, à raison d’une douzaine de courses par jour, avec des pointes « à plusieurs dizaines le dimanche ». Et puis les journées sont longues. Ce soir, après avoir rechargé les batteries de son tuk-tuk, Sébastien repartira au front. Paré à répondre aux demandes des teufeurs qui ont la bonne idée de ne pas vouloir mélanger conduite et alcool. On ne sait pas, en revanche, si le prêtre fait partie de ces « nombreux » clients qui utilisent le tuktuk pour rentrer de boîte de nuit…

 ?? (Photos G. A.) ?? Ancien joueur de foot au Sporting de Toulon, Sébastien Di Cosmo entend faciliter la vie des Londais et des touristes durant toute l’année.
(Photos G. A.) Ancien joueur de foot au Sporting de Toulon, Sébastien Di Cosmo entend faciliter la vie des Londais et des touristes durant toute l’année.

Newspapers in French

Newspapers from France