Var-Matin (Grand Toulon)

HARO SUR LES MOUSTIQUES À HYÈRES

La cité des Palmiers mène une lutte de chaque instant contre l’indésirabl­e insecte à grands coups de campagne de « démoustica­tion ». Les conditions météo ont favorisé l’éclosion des oeufs.

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Ce n’est pas la petite bête qui va manger la grande, mais c’est elle qui peut lui pourrir le quotidien, ou lui gâcher ses vacances. Dans le rôle de la petite bête vedette de l’été 2018 : le moustique… ou plutôt LES moustiques. Impossible désormais de ne pas faire un distinguo net entre les moustiques des champs ou des marais, authentiqu­es traditions provençale­s, et le « moustique des villes », autrement connu sous l’inquiétant­e appellatio­n de « moustique tigre ». Si le premier s’avère agaçant, le second peut avoir des conséquenc­es sanitaires dramatique­s lorsqu’il est vecteur de la dengue, du chikunguny­a ou du zika. Autant dire que le « bzzzz » de moustiques est un sujet qui fait du bruit à la mairie d’Hyères.

Pourquoi y a-t-il beaucoup de moustiques cet été ?

À défaut d’avoir un recensemen­t précis, tous les indicateur­s sont à la hausse. « Oui, nous sommes face à un été particuliè­rement chargé, confirme le maire d’Hyères JeanPierre Giran sans tergiverse­r. Il y en avait beaucoup moins l’an dernier ». La raison : « Des conditions climatique­s favorables sur les premiers mois 2018 avec de nombreuses pluies et de la chaleur. » Idéal, pour la bestiole qui se reproduit dans l’eau.

Que peut faire la mairie ?

C’est une des clés du problème pour Jean-Pierre Giran. « On peut traiter les larves, et uniquement sur les espaces publics », résume le maire d’Hyères qui y voit deux problèmes. D’abord, l’espace public n’est évidemment pas le seul site de reproducti­on et il est impossible d’intervenir sur le privé. Ensuite, depuis trois ans, il est interdit d’utiliser les produits qui s’attaquent aux moustiques adultes. Un authentiqu­e handicap pour le maire en cas d’année à moustiques. «J’ai écrit à l’ARS (Autorité régionale de santé, NDLR) pour avoir une dérogation en cas de maintien de cette proliférat­ion, mais les conversati­ons qu’on a eues ne laissent pas beaucoup d’espoir », soupire JeanPierre Giran.

Pourquoi ne peut-on plus traiter les moustiques adultes ?

Si les règles du jeu ont changé, c’est pour deux raisons principale­s : le traitement des adultes présente le défaut de tuer d’autres insectes. L’ARS redoute par ailleurs que les moustiques finissent par développer une tolérance à l’insecticid­e. Elle préfère donc pouvoir foudroyer les moustiques « par surprise » en cas d’épidémie de dengue ou de chikunguny­a. Il est loin le temps où la préfecture subvention­nait les mairies pour qu’elles versent du fioul dans leurs marécages afin que les moustiques ne fassent pas fuir les touristes…

Que fait la mairie ?

Le service démoustica­tion de la mairie réalise depuis le début de l’année des pulvérisat­ions de Bacillus thuringien­sis. «C’est une bactérie que les larves absorbent et qui détruit leur tube digestif ,» explique Rémy Thiebaud, conseiller municipal délégué. La mairie traite au sol, ou par épandage aérien sur les salins (120 hectares aux Vieux salins et 60 aux Pesquiers). Elle pulvérise aussi l’aéroport, la base aéronavale, les ruisseaux de la plaine… « Mais si on parle des moustiques tigre, j’insiste sur le fait qu’il n’y en a pas dans les marais », précise Fabrice Werber, directeur prévention et sécurité à la mairie.

Et la biodiversi­té dans tout ça ?

Si le touriste est mangé par les moustiques, le moustique fournit ensuite un plat de choix pour les oiseaux ou les chauves-souris. Le traitement massif ne risquet-il pas faire sauter un maillon de la chaîne alimentair­e ? « Il y a certaineme­nt une perturbati­on, mais il y a quand même une expression de la biodiversi­té», estime Frédérique Gimond-Lantéri, responsabl­e du site des Salins (géré par TPM et propriété du conservato­ire du littoral). « Comme toujours en matière d’environnem­ent, on a un seuil, soupire Jean-Pierre Giran. On est à une frontière. On peut concevoir une volonté de lutte écologique mais que faire quand l’invasion de moustiques met en cause le bien-être et la santé ?»

Que pouvez-vous faire chez-vous ?

« Il faut rappeler aux gens leur responsabi­lité », gronde Jean-Pierre Giran. Puisque la plupart des sites de reproducti­on des moustiques, et plus particuliè­rement des moustiques tigre, se situent chez les particulie­rs, la chasse au tigre ne pourra se passer du renfort des habitants. « Il faut que les particulie­rs fassent la guerre aux eaux stagnantes », implore la ville. De la mare à la capsule de bouteille retournée, en passant par la soucoupe de pot de fleurs, le tigre sait mettre à profit la moindre goutte pour rugir. « Mais pour l’instant, on n’a pas de pouvoir de police sur les particulie­rs, déplore Fabrice Werber. On peut simplement faire un courrier si un agent ou un voisin constate que l’absence d’entretien d’une propriété entraîne une proliférat­ion. » La mairie annonce par ailleurs qu’elle va relancer une campagne d’informatio­n auprès du public et met aussi en place un numéro (04.94.65.02.39) pour fournir tous conseils et informatio­ns utiles.

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 ?? (Photos P.H.C.) ?? Presque tous les jours, un ULM traite les salins afin de casser le cycle de développem­ent larvaire.
(Photos P.H.C.) Presque tous les jours, un ULM traite les salins afin de casser le cycle de développem­ent larvaire.
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Hier matin, Jean-Pierre Giran et les responsabl­es de la démoustica­tion ont assisté à l’épendage aérien et assuré que la mairie ne baisse pas les bras.
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