LA COLÈRE DES SYNDICATS DE POLICIERS
Après la mort d’un homme de 27 ans, tué samedi par une rafale de kalachnikov à La Seyne, les syndicats de police en appellent au gouvernement et au président de la République
La mort Demba Touré, abattu en centre-ville de La Seyne, a provoqué une vive émotion. Mais aussi la colère des policiers qui réclament plus de moyens car ils redoutent redoutent une escalade de la violence dans les cités de la metropole toulonnaise.
Dans le Var, où l’escalade de violence a connu un énième drame samedi, avec la mort d’un homme de 27 ans tué dans sa voiture par une rafale de kalachnikov à La Seyne, les policiers tirent… la sonnette d’alarme. Alors que rien n’a filtré sur l’enquête, confiée à l’antenne toulonnaise de la police judiciaire, les principaux syndicats de la profession dénoncent le manque de moyens. Secrétaire départemental de SGP police, Julien Ventre s’inquiète de la montée en puissance de la délinquance : « On contrôle dans l’ouest Var de plus en plus d’individus venant de Marseille et de plus en plus de gens armés. On a alerté les pouvoirs publics, on a rencontré le directeur de cabinet d’Hubert Falco à TPM, les différentes municipalités de Sanary, La Seyne, Hyères. Tout le monde est conscient de la situation sauf le ministre de l’Intérieur et l’exécutif national qui se moquent du Var ».
Emmanuel Macron « interpellé »
« Les ministres, les secrétaires d’État viennent dans le Var en villégiature, à croire qu’on n’est qu’un département touristique, critique le syndicaliste. J’invite le président de la République, qui s’y trouve actuellement, à prendre la peine de venir à Toulon voir l’état du commissariat et les effectifs. Je l’interpelle solennellement. S’il préfère nous recevoir à Brégançon, nous sommes prêts à y aller. » Les deux secteurs des commissariats de Sanary et Fréjus, limitrophes des départements voisins, ont affaire à une recrudescence de délinquance provenant des Bouches-du-Rhône et des AlpesMaritimes. Face à cela, Julien Ventre pointe le manque d’effectifs : « On nous annonce au 1er septembre dix arrivées à Toulon, trois à Hyères, trois OPJ à La Seyne, zéro à Sanary, pour sept à huit départs sans compter les 20 à 40 futurs retraités sur le district de Toulon en 2019. C’est un scandale ». Frédéric Piquel, secrétaire départemental adjoint Alliance police nationale partage ce constat : «Ce qui s’est encore passé dans la nuit de vendredi à samedi n’est qu’une escalade logique dans la criminalité. Par contre la réaction politique de nos gouvernants est illogique, inexistante. Les collègues en charge du judiciaire (police judiciaire, sûreté départementale et sûreté urbaine) ne sont pas renforcés, ce qui a pour conséquence de les surcharger et empêcher de facto un traitement efficace des affaires. Ils n’en peuvent plus. Ces affaires de violences occupent au quotidien les collègues de la voie publique (police secours, BAC et GSP) car avant d’en arriver à tuer une personne il y a de la violence physique, des coups de feu. Le climat est très tendu. La surcharge est aussi présente ».
Le Var, triangle des Bermudes français !
Cela touche autant Toulon et La Seyne qu’Hyères… Avec les mêmes dénominateurs communs : trafic de stup et cités. Pour Alliance « La réaction ne peut venir du local (autorités de police et judiciaire ou maires) mais uniquement du gouvernement et du président de la République. » Avec un sens de la formule, Frédéric Piquel commente « l’aire toulonnaise et le Var en général est le triangle des Bermudes français… Les policiers le savaient maintenant la population le sait ». Et de comparer : « Pourquoi des villes comme Pau ou d’autres, dirigées par des élus proches de LREM, ont-elles touché autant de renforts alors que des villes non LREM comme Toulon, Hyères La Seyne Sanary, n’ont rien eu ou si peu (neuf arrivées pour six départs à Toulon, aucune arrivée à Sanary, quatre à la Seyne, et un départ). Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Y at-il une stratégie politique ou est-ce de l’ignorance ? »