Il fait le tour du monde à vélo depuis six ans!
Parti de sa Suisse natale fin 2012, Pascal Bärtschi s’apprête à boucler un extraordinaire tour du monde de plus de 100000 km dans quelques jours. De passage en bord de rade pour voir des amis, cet aventurier des temps modernes en a profité pour répondre à nos questions
Comment en vient-on à passer six ans à vélo autour du monde ?
J’aime le vélo, j’aime la nature, j’aime le contact avec les autres… et j’aime découvrir le monde. Du coup, il n’y avait pas façons de vivre mon rêve ! Après, ce n’est pas forcément évident de garder l’esprit frais et la soif de découverte sur toutes ces années. Je dois dire que j’ai su plutôt bien gérer cela, en m’octroyant des pauses de plusieurs semaines dans certains pays, histoire de retrouver des fourmis dans les jambes. Ou simplement en changeant de continent au moment opportun, pour découvrir avec davantage
d’envie une nouvelle culture.
Avec quels équipements es-tu parti ?
Un vélo tout ce qu’il y a de plus simple. Cadre acier, roue c et sacoches. En partant, le tout faisait une quarantaine de kilos puis je suis monté à une cinquantaine de kilos ces dernières années.
Financièrement, tu as fait comment ?
J’ai loué ma petite maison suisse que j’avais rénovée à mon temps perdu, il y a quelques années. Cela me permet de vivre aujourd’hui encore avec une rente mensuelle de €.
C’est quoi le point le plus haut où tu as monté ton vélo ?
Le col de l’Abra del Acay dans le nord de l’Argentine, avec ses m.
A contrario, je suis « descendu » à - m, au bord de la mer Morte en Jordanie. Toujours dans la série de mes « records », ma plus longue étape a longtemps été ces km effectués en terre chinoise lors de ma première année… mais je l’ai battu en au Soudan, avec km parcourus ! J’ai passé h sur la selle.
Tu as vu ton corps changer ?
Oui et non. J’ai perdu une dizaine de kilos la première année. Puis j’en ai repris , mais sous forme de muscles, cette fois ! Spécialement aux mollets et aux cuisses, au grand étonnement des gens quand ils voient mes jambes… Mais j’ai de la marge : mes mollets ne touchent pas encore les bidons quand je pédale !
C’est quoi le plus gros danger à vélo ?
C’est sans hésiter le trafic ! On n’est rien quand on est sur la route. Je m’en suis rendu compte trois ou quatre fois à mes dépens. Ma plus grosse frayeur, c’est lorsqu’un camion iranien m’a heurté sur les routes d’Ouzbékistan. Je suis alors resté accroché à lui avant de tomber lourdement sur la tête (merci le casque).
N’y a-t-il pas eu un jour où tu as eu envie de tout plaquer et de rentrer chez toi ?
Une fois, cela a été particulièrement dur. Je me suis fait voler mon ordinateur dans une chambre d’hôtel aux ÉtatsUnis, et surtout mon disque dur avec toute ma mémoire photographique sur plus d’une année ! Je me suis rendu compte, à ce moment-là, qu’affronter un coup dur tout seul, isolé, n’est pas chose aisée. Mais j’ai su rester positif pour surmonter cette épreuve et j’en suis ressorti plus fort, me détachant encore plus du peu de biens dont je dispose !
Tu es tombé malade ?
La seule fois où j’ai été vraiment malade, au point de ne plus pouvoir rouler, c’était en Alaska, lorsque j’ai attrapé la Giardia (un parasite dû aux défections des animaux), après avoir bu l’eau d’un ruisseau sans courant. Résultat : cinq jours d’antibiotiques, couché dans ma tente au fond d’un parking, dans la chaleur et la poussière.
En même temps, ce n’est pas énorme, une fois malade en six ans…
Effectivement, je suis plutôt résistant ! Et mon système immunitaire a sans doute été renforcé encore par le fait de boire de l’eau partout, de manger tout ce qui me faisait envie, même dans la rue, de vivre en extérieur… Quel pied de ne pas avoir à se soucier de savoir si c’est frais ou propre quand on veut juste manger quelque chose ! Cela me rappelle un voyageur français un peu fragile du ventre qui n’en revenait pas que je me délecte d’une glace à l’eau dans un marché de Bichkek, au Kirghizistan ! Lui était malade tout le temps…
Bon et tu vas faire quoi, maintenant ? J’ai un projet de livre et de film pour présenter mon expérience, peut-être sous forme de conférences. J’ai envie de partager et de transmettre aux gens les choses que j’ai apprises. En fait, ce livre s’écrit depuis mon départ, où j’ai commencé à tenir un journal. L’avenir s’écrira aussi au travers d’autres voyages, évidemment. J’ai ainsi une grande envie de monter un jour jusqu’au cap Nord et de redescendre la Russie jusqu’au Lac Baïkal, puis en Mongolie, Un coin de la planète que je ne connais pas encore.
Tu n’as pas d’appréhension à l’heure de rentrer chez toi ? Non, je suis assez serein, voire excité de savoir quelle idée je vais me faire du peuple suisse après six ans d’absence. Je crois qu’il y a une grande différence entre rentrer quand on l’a choisi ou de subir son retour (finances, décès, job, etc). Ma motivation reste intacte pour la découverte à deuxroues même après tout ce temps, et j’avoue que cela me fait presque peur !
Un conseil aux voyageurs qui voudraient faire comme toi ? Soyez opportuniste et, surtout, faites confiance aux gens !