Var-Matin (Grand Toulon)

Ils ont trouvé le filon !

Mylène et Jacques Reussard, horticulte­urs installés à Fréjus, ont mis au point un procédé d’arrosage par capillarit­é. Une solution pratique et astucieuse, primée au concours Lépine

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Retirant délicateme­nt la plante de son cache-pot, Jacques sourit. « Je vous présente Capill’O !» À la vue du support en plastique, et de la mèche qui relie la terre à l’eau, le Fréjusien explicite. « Le principe est simple : nourrir la plante par capillarit­é, via une mèche en polypropyl­ène plongée dans une réserve d’eau. Cette dernière étant séparée du pot grâce au support.Ainsi, plus de risque de pourriture puisque les plantes ne sont pas en contact direct avec l’eau. Et il y a bien sûr possibilit­é de mettre de grands volumes. » Ce qui fait de Capill’O, « une solution idéale quand on part en vacances ». Un sourire au coin des lèvres, Mylène attrape une des cinquante plantes qui fleurissen­t dans sa maison. « Pour tout vous dire, j’en avais ras-le-bol d’arroser tout ce monde ! » Elle pointe du doigt un muret végétal, au fond du jardin : « Dans ce coin, nous stockons le compost. C’est aussi là-bas que j’ai fait valser pas mal de pots ! » Pour le « MacGyver » local – alias Jacques, son époux –, il était donc temps d’entrer en scène… «Je le surnomme ainsi car il ne recule devant rien, sourit Mylène. Rien n’est impossible ! » Et surtout pas ce système d’arrosage astucieux, mis au point par le couple d’horticulte­urs au terme de quatre années de labeur. « Le Capill’O permet une alimentati­on en eau permanente, 24h/24. Avec lui, plus de stress hydrique. Mais on ne peut pas mettre n’importe quelle mèche dans n’importe quel pot. Il a fallu trouver des ratios, en fonction des besoins des plantes. » Mylène hausse les sourcils. «Durant quatre ans, nous les avons observées et chouchouté­es comme des enfants. Il a fallu attendre leurs réactions et ajuster le système en fonction de nombreux paramètres, dont la lumière et la saison. Beaucoup n’ont pas survécu… » Mylène et Jacques s’échangent un regard complice. « On a failli arrêter plein de fois, mais que voulezvous, on a persisté. On a même créé notre start-up. À presque 60 ans, on se dit qu’on est un peu barrés ! » Mais bel et bien soudés… Le couple sourit à nouveau. « C’est avant tout une histoire de binôme, c’est vrai. Et notre histoire de vie… Quand l’un ne va pas ou se décourage, l’autre lui remonte toujours le moral. Au départ, ce projet était un défi. Nous n’avions aucune intention de le commercial­iser. Mais, vu qu’il fonctionne, cela nous embête de garder ça pour nous. » Et aujourd’hui, pas peu fiers d’avoir été distingués au concours Lépine à Paris en mai dernier, Mylène et Jacques sont en phase de peaufinage. « Après avoir défini les calibrages des mèches, nous avons travaillé sur les contenants à réserve d’eau, placés sous le cache-pot. » Sur lequels Mylène a apporté sa touche féminine… « Je voulais quelque chose de raffiné, moderne et en forme de cube aimanté. Quelque chose qui ne prenne pas de place et que l’on puisse facilement accrocher sur une table, un meuble, un frigo ou au-dessus de son bureau. » « Voire même sur une tige métallique près des fenêtres, renchérit Jacques. À la lumière, là où les plantes vivent le mieux. L’idée étant de ramener le végétal dans la vie des gens et, pourquoi pas, faciliter aussi son installati­on dans les écoles, les centres de soins et les maisons de retraite. Le concept peut même plaire aux restaurate­urs puisque nous proposons une sorte d’ardoise pour cacher le cache-pot et le contenant. » Plus important : « nous ne voulons que du recyclable. C’est un impératif absolu. Vous ne retrouvere­z jamais, ni nos cache-pots, ni nos contenants dans l’océan ! » Et en attendant leur fabricatio­n, par une entreprise dijonnaise, Mylène et Jacques ont encore de la suite dans les idées. « Du plus petit au plus grand pot, les prix varieront entre 15 et 25 euros. Pas plus. Et surtout, au-delà de l’achat, nous souhaitons faire le conseil qui va avec. Cela passera probableme­nt par des tutos sur Internet, mais aussi par une applicatio­n pour smartphone visant à alerter son utilisateu­r lorsque le niveau d’eau des plantes sera au plus bas. Des leds, posés sur la partie haute du contenant, passeront au rouge pour le signaler à leur tour. » Autant d’idées qui devraient fleurir d’ici quelques mois dans les rayons... Bon, et maintenant ? Peut-être un nouveau défi ? « Ah ça oui !, s’exclame Mylène. Celui de pousser Jacques dans l’avion, pour qu’enfin nous puissions profiter de la vie à temps plein ! »

‘‘ À la tête d’une start-up à presque  ans, on se dit qu’on est un peu barrés ! ”

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