Var-Matin (Grand Toulon)

Cet été, devinez qui vient camper à la maison

Voyager gratis, c’est possible. Jouir d’une villa avec piscine sans débourser un euro. Quant aux adeptes du camping, ils peuvent planter leur tente pour trois fois rien. Dans votre jardin!

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Marie, jeune maman de deux enfants, a déjà accueilli avec son conjoint une cinquantai­ne de campeurs. En moins de deux ans. Leur pavillon, situé dans un lotissemen­t sur les hauteurs d’Antibes, offre un jardin de 250 m2. Ce n’est pas très grand, mais suffisant pour y planter une canadienne. Ou deux, ou trois, ce qui est parfois le cas. « Aux yeux de nos amis, on passe pour des extraterre­stres. Et pour notre famille, on est un peu des allumés », s’amuse cette Niçoise pur sucre dont le mari antibois partage les idées larges. Le couple, «un peu baba cool», ne sait plus très bien comment l’idée lui est venue. Mais depuis que le gazon de la villa apparaît en photo sur le site HomeCamper, les visiteurs affluent. Moyennant une douzaine d’euros par nuit, ils peuvent donc s’installer chez Marie, ou plus exactement au pied de la maison, en profitant de l’unique salle de bains pour prendre une douche le matin. Jusqu’à ce jour, nul incident.

Enrichisse­ment

« Nous partons du principe que nous avons confiance», résume la pimpante jeune femme qui n’hésite pas, lorsqu’il faut aller travailler, à remettre les clés aux estivants. « Un jour, nous l’avons fait pour des Espagnols qui ont laissé des bières en partant. Une autre fois, c’était pour des Bretons, ils nous ont envoyé, en remercieme­nt, un colis rempli de caramels de Concarneau et de sablés au beurre. J’ai trouvé ça touchant. » Ce ne sont pas les quelques centaines d’euros que le couple tire de cette activité qui justifient un tel engagement. D’autant que marie déclare le tout dans ses revenus fonciers. L’enrichisse­ment est d’une autre nature. « Pour nous comme pour nos deux fillettes, c’est une question d’ouverture d’esprit. Nous découvrons d’autres peuples. Nous faisons de très belles rencontres. Un Américain, des Canadiens, beaucoup de Belges, des Italiens… Avec certains d’entre eux, on est toujours en contact. » Il y a aussi des Français. Parfois, ce sont des jeunes qui voyagent à bon marché. Mais aussi des adultes qui rendent visite à des proches, sans trouver à se loger. Ou encore des travailleu­rs qui n’ont pas les moyens de louer. « Leur motivation est toujours économique », résume Marie qui d’ailleurs le constate : «Souvent, les gens arrivent avec des voitures qui sont loin d’être du dernier cri. Je me souviens même qu’un campeur est tombé en panne devant notre porte. » Marie, parce qu’elle aime faire connaître les spécialité­s de la région, cuisine avec bonheur. « Qui n’aime pas la pissaladiè­re ? », demande-telle sans rire, ravie de promouvoir sa gastronomi­e – et cette fois, c’est gratuit. L’expérience, pour le couple, est un succès. Pas au point de partir camper chez son prochain. «Par contre, l’échange de maisons, on y pense très sérieuseme­nt. »

 ?? (Photo François Vignola) ?? Que ce soit dans un petit jardin urbain ou dans un vaste domaine au calme dans l’arrière-pays, la communauté HomeCamper propose des sites d’accueil à tout petit prix.
(Photo François Vignola) Que ce soit dans un petit jardin urbain ou dans un vaste domaine au calme dans l’arrière-pays, la communauté HomeCamper propose des sites d’accueil à tout petit prix.

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