Var-Matin (Grand Toulon)

«Les liens sont forts entre Israël et la Côte d’Azur»

Shimon Mercer-Wood, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France, est en visite profession­nelle notamment dans le cadre du festival de musique de Menton, où se produit, ce soir, Yaron Herman

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Il avoue qu’il n’aurait pas eu besoin d’un prétexte « profession­nel » pour venir à Nice. Une ville qu’il aime. Une ville, dit-il, « où les Israéliens se sentent chez eux ». Dans un sourire, il espère la réciproque. Shimon Mercer-Wood est porte-parole de l’ambassade d’Israël en France. Il est en visite sur la Côte d’Azur pour quelques jours.

Quelle est la raison de votre venue ? Les liens sont forts entre Israël et la Côte d’Azur. Il existe une longue histoire entre Nice et Israël. Des liens culturels et technologi­ques… Déjà lors du salon Innovative City, qui s’est tenu à Nice, onze de nos start-up sont venues présenter leur technologi­e, notamment en matière de smart city .Etcesoirà Menton, il y a le concert de Yaron Herman. Sur ma carte de visite, il y a écrit porte-parole d’Israël en France, mais les meilleurs porteparol­e, ce sont les artistes. Ce sont les meilleurs ambassadeu­rs de notre culture, de notre créativité. Yaron Herman est un vrai symbole des liens franco-israéliens. C’est en France qu’il a lancé sa carrière.

D’autres rencontres prévues ? Je dois rencontrer le docteur Daniel Bensoussan, il est à la tête d’une ONG pour promouvoir la paix à travers la médecine. Il fait, par exemple, venir des médecins arabes en formation en Israël. Je pense que ce genre d’associatio­n fonctionne mieux si elle n’est pas gouverneme­ntale, mais je le rencontre pour voir comment le gouverneme­nt israélien peut l’aider.

Depuis deux mois et jusqu’en novembre, c’est la «saison France-Israël»… C’était une idée née en  sous Hollande, et qui s’est concrétisé­e sous Macron. Avec cette spécificit­é : il y a une saison de la culture française en Israël, en même temps que la saison d’Israël en France. Autre particular­ité : outre la culture, la technologi­e est aussi mise en avant. Au Grand Palais, la saison a débuté avec « Israël@Lights ». Les innovation­s israélienn­es qui ont changé la vie des gens dans d’autres pays étaient à l’honneur.

À ce sujet, Nice a testé Reporty, une applicatio­n israélienn­e (le citoyen se retrouve en lien direct vidéo avec les services de police, Ndlr). Quels retours avez-vous ? Reporty est opérationn­el dans plusieurs villes dans le monde, à Chicago par exemple. Son utilisatio­n première n’est pas forcément liée à la délinquanc­e ou au terrorisme. Elle a une grande utilité en termes médicaux : on n’a pas besoin d’expliquer les symptômes, on gagne du temps. On a de très bons retours.

À Nice, la CNIL a retoqué le test, et le débat sur les libertés individuel­les a été important… Ce thème est sensible, c’est très bien qu’il y ait débat. Mais on arrivera à un point d’équilibre. Il faut aussi savoir que Reporty évite d’avoir des caméras partout, puisque la caméra est là où il y a besoin.

Benyamin Netanyahou a rencontré Emmanuel Macron début juin. Ses relations sont-elles différente­s d’avec François Hollande ? Les relations avec Hollande étaient très bonnes, mais mon ressenti, c’est qu’au niveau personnel, Netanyahou et Macron sont plus proches. Ils se comprennen­t. Il y a une compatibil­ité de personnali­té. Ils ont tous les deux le langage du secteur privé. Ils se rejoignent pour des « mauvaises raisons », je dirais, comme la coopératio­n dans la lutte contre le terrorisme, ou sur l’Iran. Macron, sans ambiguïté, s’exprime sur le danger balistique, nucléaire ou encore sur l’ingérence de l’Iran sur les pays arabes. Et puis, ils se rejoignent pour de bonnes raisons, comme sur la technologi­e et l’innovation.

Ils ne se rejoignent pas, en revanche sur la loi que vient d’adopter la Knesset (le Parlement israélien, Ndlr). Une loi perçue comme « identitair­e »… Je n’ai jamais vu de ma vie une loi aussi mal comprise. Un tel écart entre le contenu et la perception ! Cette loi est symbolique, car depuis une quinzaine d’années, Israël a ressenti le besoin de réaffirmer certaines choses. Décréter l’hébreu langue officielle ne veut pas dire que l’arabe ne sera plus parlé. Au contraire, cela ne changera rien concrèteme­nt : là où on est obligés de parler arabe, on continuera. Nous avons éprouvé le besoin d’avoir un « État-nation du peuple juif », car cela pouvait être mis en cause. Il y avait des signes.

La population druze est dans la rue, inquiète de cette loi… On est si fiers de cette population, leur intégratio­n est un symbole. Par leur manifestat­ion, ils nous demandent : « Est-ce que nous sommes exclus ? » Bien sûr que non. En tout cas, il y a un échec dans la présentati­on de cette loi.

De nombreux juifs, notamment azuréens, ont fait l’Aliyah (acte d’émigrer en Israël, Ndlr) ces dernières années, inquiets d’une montée de l’antisémiti­sme en France… Cela peut servir pour créer des ponts encore plus importants entre nos deux pays, commerciau­x, technologi­ques, universita­ires. C’est vrai qu’il y a eu une vague, après les attentats. Mais les attentats qui ont ciblé les juifs. Certains l’ont fait par peur, mais d’autres pas. D’ailleurs, après le Bataclan ,quin’apas ciblé spécialeme­nt les juifs, cela a considérab­lement baissé.

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(Photo Franck Fernandes) Shimon Mercer-Wood, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France, est en visite à Nice.

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