«Les liens sont forts entre Israël et la Côte d’Azur»
Shimon Mercer-Wood, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France, est en visite professionnelle notamment dans le cadre du festival de musique de Menton, où se produit, ce soir, Yaron Herman
Il avoue qu’il n’aurait pas eu besoin d’un prétexte « professionnel » pour venir à Nice. Une ville qu’il aime. Une ville, dit-il, « où les Israéliens se sentent chez eux ». Dans un sourire, il espère la réciproque. Shimon Mercer-Wood est porte-parole de l’ambassade d’Israël en France. Il est en visite sur la Côte d’Azur pour quelques jours.
Quelle est la raison de votre venue ? Les liens sont forts entre Israël et la Côte d’Azur. Il existe une longue histoire entre Nice et Israël. Des liens culturels et technologiques… Déjà lors du salon Innovative City, qui s’est tenu à Nice, onze de nos start-up sont venues présenter leur technologie, notamment en matière de smart city .Etcesoirà Menton, il y a le concert de Yaron Herman. Sur ma carte de visite, il y a écrit porte-parole d’Israël en France, mais les meilleurs porteparole, ce sont les artistes. Ce sont les meilleurs ambassadeurs de notre culture, de notre créativité. Yaron Herman est un vrai symbole des liens franco-israéliens. C’est en France qu’il a lancé sa carrière.
D’autres rencontres prévues ? Je dois rencontrer le docteur Daniel Bensoussan, il est à la tête d’une ONG pour promouvoir la paix à travers la médecine. Il fait, par exemple, venir des médecins arabes en formation en Israël. Je pense que ce genre d’association fonctionne mieux si elle n’est pas gouvernementale, mais je le rencontre pour voir comment le gouvernement israélien peut l’aider.
Depuis deux mois et jusqu’en novembre, c’est la «saison France-Israël»… C’était une idée née en sous Hollande, et qui s’est concrétisée sous Macron. Avec cette spécificité : il y a une saison de la culture française en Israël, en même temps que la saison d’Israël en France. Autre particularité : outre la culture, la technologie est aussi mise en avant. Au Grand Palais, la saison a débuté avec « Israël@Lights ». Les innovations israéliennes qui ont changé la vie des gens dans d’autres pays étaient à l’honneur.
À ce sujet, Nice a testé Reporty, une application israélienne (le citoyen se retrouve en lien direct vidéo avec les services de police, Ndlr). Quels retours avez-vous ? Reporty est opérationnel dans plusieurs villes dans le monde, à Chicago par exemple. Son utilisation première n’est pas forcément liée à la délinquance ou au terrorisme. Elle a une grande utilité en termes médicaux : on n’a pas besoin d’expliquer les symptômes, on gagne du temps. On a de très bons retours.
À Nice, la CNIL a retoqué le test, et le débat sur les libertés individuelles a été important… Ce thème est sensible, c’est très bien qu’il y ait débat. Mais on arrivera à un point d’équilibre. Il faut aussi savoir que Reporty évite d’avoir des caméras partout, puisque la caméra est là où il y a besoin.
Benyamin Netanyahou a rencontré Emmanuel Macron début juin. Ses relations sont-elles différentes d’avec François Hollande ? Les relations avec Hollande étaient très bonnes, mais mon ressenti, c’est qu’au niveau personnel, Netanyahou et Macron sont plus proches. Ils se comprennent. Il y a une compatibilité de personnalité. Ils ont tous les deux le langage du secteur privé. Ils se rejoignent pour des « mauvaises raisons », je dirais, comme la coopération dans la lutte contre le terrorisme, ou sur l’Iran. Macron, sans ambiguïté, s’exprime sur le danger balistique, nucléaire ou encore sur l’ingérence de l’Iran sur les pays arabes. Et puis, ils se rejoignent pour de bonnes raisons, comme sur la technologie et l’innovation.
Ils ne se rejoignent pas, en revanche sur la loi que vient d’adopter la Knesset (le Parlement israélien, Ndlr). Une loi perçue comme « identitaire »… Je n’ai jamais vu de ma vie une loi aussi mal comprise. Un tel écart entre le contenu et la perception ! Cette loi est symbolique, car depuis une quinzaine d’années, Israël a ressenti le besoin de réaffirmer certaines choses. Décréter l’hébreu langue officielle ne veut pas dire que l’arabe ne sera plus parlé. Au contraire, cela ne changera rien concrètement : là où on est obligés de parler arabe, on continuera. Nous avons éprouvé le besoin d’avoir un « État-nation du peuple juif », car cela pouvait être mis en cause. Il y avait des signes.
La population druze est dans la rue, inquiète de cette loi… On est si fiers de cette population, leur intégration est un symbole. Par leur manifestation, ils nous demandent : « Est-ce que nous sommes exclus ? » Bien sûr que non. En tout cas, il y a un échec dans la présentation de cette loi.
De nombreux juifs, notamment azuréens, ont fait l’Aliyah (acte d’émigrer en Israël, Ndlr) ces dernières années, inquiets d’une montée de l’antisémitisme en France… Cela peut servir pour créer des ponts encore plus importants entre nos deux pays, commerciaux, technologiques, universitaires. C’est vrai qu’il y a eu une vague, après les attentats. Mais les attentats qui ont ciblé les juifs. Certains l’ont fait par peur, mais d’autres pas. D’ailleurs, après le Bataclan ,quin’apas ciblé spécialement les juifs, cela a considérablement baissé.