Pas pressé mais plein d’envie
À seulement 19 ans, le pilier gauche du RCT, champion du monde U20, Jean-Baptiste Gros n’est plus très loin du plus haut niveau. Sa dernière sortie illustre des progrès constants
Champion du monde à seulement 19 ans, cela vous pose une personne... Et cela peut même en faire disjoncter certains. Mais le jeune pilier gauche du RCT Jean-Baptiste Gros, qui a été sacré cet été à Béziers avec Louis Carbonel, ne risque pas de partir en vrille. Droit comme un I, et la tête déjà solidement vissée sur les épaules, «Jibé», comme ses potes l’appellent, n’est pas du genre à s’enflammer : « Je suis d’un naturel plutôt réservé, discret, précise le gaillard d’1,87 m pour 110 kg, pas très à l’aise avec les interviews. C’est comme ça. Je préfère rester tranquille dans mon coin. »
« Avancer petit à petit »
Même après un titre de champion du monde ? « C’était un super moment que je ne pourrai pas oublier. Peu de personnes ont la chance de vivre ça à mon âge. C’est vraiment super cool car ça encourage pour la suite», lâche le jeune homme, qui ne voit finalement là qu’une simple étape dans son parcours. Passé par toutes les sélections de jeunes, le natif d’Arles, formé à Aix, est juste dans la continuité. À l’aube de sa troisième saison à Toulon, et après ce merveilleux trophée, il ne s’est même pas fixé d’objectif particulier: « J’essaie juste d’avancer petit à petit et je ne veux pas me presser non plus.» Une attitude qui lui réussit plutôt bien jusque-là et qui va lui permettre de concilier bientôt le rugby, même de haut niveau, avec les études... Après un bac décroché il y a déjà deux ans selon la volonté de ses parents, JeanBaptiste va s’inscrire cette année en BTS. Les mois qui arrivent s’annoncent donc chargés pour celui qui se prépare pour la première fois avec l’équipe première et qui découvre encore, semaine après semaine, le plus haut niveau: «L’intensité est assez élevée et il faut vite se mettre au niveau si je veux être compétitif. Je ne sais pas si ce sera cette année, mais je vais tout donner comme les années précédentes et je verrai bien à la fin... » Et quand il s’agit de donner, le bonhomme ne fait pas les choses à moitié : « Je n’ai pas un gabarit énorme, mais l’envie peut permettre de compenser beaucoup. J’essaie aussi de bosser techniquement. Il y a beaucoup de choses à travailler encore à tous les niveaux, même tactiquement. » Troisième pilier gauche du club derrière Florian Fresia et Sébastien Taofifenua, Jean-Baptiste Gros, qu’on avait entrevu 25 minutes face à Oyonnax la saison dernière, profite à fond de cette intersaison pour engranger du temps de jeu et de l’expérience.
« Je me suis un peu rassuré »
Légèrement en souffrance lors du premier match amical du RCT face au Stade Français, il a déjà réussi à rectifier le tir et à tenir la dragée haute, vendredi dernier, au très expérimenté pilier de Clermont, Zirakashvili, une demi-heure durant. Une performance qui va encore renforcer sa confiance. « Après le Stade Français, Patrice (Collazo) m’a dit que j’avais fait une prestation assez compliquée et qu’il fallait bosser. Mais on n’avait pas encore travaillé la mêlée. Avant Clermont, on a un peu bossé et ça s’est bien passé, du coup voilà, explique-t-il. Zirakashvili, c’était quand même un client et ça m’a mis un peu de pression. Mais c’était de la bonne pression, je pense... Au départ, je ne pensais pas du tout pouvoir rivaliser, et finalement je me suis un peu rassuré, même si je sais que ce n’est pas une fin car tous les week-ends offrent des challenges différents. »
« Je vais essayer d’être là »
Toujours encadré par Éric Dasalmartini, qui s’occupait déjà de la mêlée des U20 champions du monde, « Jibé », à 19 ans, semble donc bien parti pour franchir un nouveau palier. Et quand on pense que les piliers n’arrivent pas vraiment à maturité avant 27-28 ans, on peut même lui prédire une belle carrière derrière. Mais tout champion du monde qu’il est, lui ne voit pas si loin. Il se contentera d’avancer encore un peu cette année : « Franchement, je ne sais pas si je suis vraiment lancé, mais je vais essayer d’être là », assure le jeune homme, comme la promesse du meilleur à venir...