Bitcoin : un homme d’affaires sud-coréen escroqué à Nice
Il devait recevoir 2 millions d’euros en liquide contre l’équivalent dans cette monnaie virtuelle. Mais la valise ne contenait que des faux billets. Un des escrocs a été interpellé
Il a parcouru plus de 9 000 km pour un rendez-vous fin juillet à l’hôtel Negresco à Nice, avec le soi-disant représentant d’un fonds d’investissement. Un homme d’affaires sud-coréen a déposé plainte pour escroquerie. Un suspect a été arrêté. La justice niçoise a décidé vendredi d’ouvrir une information judiciaire. Moyennant 2 millions d’euros en liquide, il était convenu que M. Yoo, gérant d’une société immatriculée à Singapour, vire sur un compte luxembourgeois l’équivalent en bitcoins, la controversée cryptomonnaie (lire par ailleurs). Le cours actuel, très fluctuant, étant d’environ 6 500 euros pour 1 bitcoin. Beaux parleurs, ses interlocuteurs se sont présentés comme les représentants d’une famille royale arabe. L’homme d’affaires a demandé des garanties avant d’effectuer l’opération. Il s’est contenté de la copie d’un passeport français et de prétendus documents de garantie bancaire d’une banque luxembourgeoise pour effectuer la transaction. Aveuglé par l’appât du gain et sans doute peu au courant des règles fiscales françaises, le ressortissant coréen s’est aperçu, mais un peu tard, que la valise de billets qu’il détenait ne valait rien. Hormis quelques véritables coupures, le reste n’était que de vulgaires fac-similés. Les policiers de la section financière de la police judiciaire de Nice sont parvenus à appréhender le porteur de la valise, Giuliani J., un Serbe né il y a 31 ans en Allemagne, mais ayant toujours vécu en France. Non seulement l’individu se balade avec des billets contrefaits grossiers, mais il présente de faux papiers d’identité bulgare.
Surprenant train de vie
Les enquêteurs sont sur la piste d’une bande d’escrocs très organisés, dont le train de vie apparaît en décalage avec leurs revenus officiels. Giuliani J., qui déclare habiter chez ses parents en SeineSaint-Denis, explique gagner 1600 € par mois. Pour l’anecdote, l’individu roule en Porsche, porte à son poignet une montre estimée à 100 000 € et fréquente depuis plusieurs semaines les palaces de la Côte d’Azur. Lui et ses amis, installés à Cannes depuis juin, jouent beaucoup au casino. De là à penser que les sommes misées n’ont peut-être pas été gagnées honnêtement, il n’y a qu’un pas que la police judiciaire de Nice s’est autorisée à franchir... Le suspect, qui a sollicité Me Gérard Baudoux pour le défendre, a été placé en détention provisoire. Est-il un simple porteur de valise ? Un juge d’instruction a désormais pris les rênes de l’enquête. Il l’a mis en examen vendredi soir pour «escroquerie en bande organisée ». Giuliani J. est un récidiviste en la matière : en 2009, il avait été condamné pour une escroquerie de haut vol à deux ans de prison par le tribunal correctionnel de Grasse. Il est également mis en examen pour « détention et mise en circulation de monnaie contrefaite » et « détention de faux documents administratifs ». L’enquête se poursuit. Un mandat de recherche a été lancé contre l’un de ses complices.
Qu’est-ce que le bitcoin ?
Le bitcoin est une monnaie virtuelle qui peut être échangée par voie électronique. Un réseau d’ordinateurs utilisant des formules mathématiques complexes crée les bitcoins et en assure le suivi. Le bitcoin ne constitue pas une monnaie, notamment parce qu’il n’est pas émis par une autorité publique centrale qui pourrait en assurer la garantie. Il s’agit d’un actif spéculatif, c’est-à-dire un instrument sur lequel on peut parier et réaliser un gain... en courant le risque de perdre son placement. Source : Banque centrale européenne.