Le sud de l’Inde dans l’enfer d’inondations historiques
Au moins 370 morts, 700 000 personnes déplacées et des milliers d’autres prises au piège, selon le dernier bilan provisoire Armée, hélicoptères, bateaux et trains sont mobilisés
Les secouristes indiens, appuyés par des dizaines d’hélicoptères et des centaines de bateaux, tentaient hier de sauver les milliers de personnes piégées par les inondations dans l’État du Kerala, qui ont fait au moins 370 morts et chassé de leurs foyers plus de 700 000 personnes. Un bilan qui ne cesse de s’alourdir, alors que les pluies torrentielles continuent – elles devraient se poursuivre jusqu’au 23 août, selon les services météorologiques. Il s’agit des pires inondations depuis un siècle dans cette région du sud du pays.
Dix mille kilomètres de routes touchés
Cela fait déjà près de trois mois, avec le début de la mousson fin mai, que cette zone très touristique (plus d’un million de visiteurs l’an dernier), connaît des glissements de terrain et des inondations soudaines emportant des villages entiers. Quelque 350 000 personnes sinistrées ont dû se réfugier dans 3 000 camps d’urgence, et sur les réseaux sociaux, des habitants paniqués lancent des appels au secours, déclarant ne pas parvenir à contacter les services de secours. Des milliers d’hommes de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air ont été déployés pour venir en aide à ceux qui sont encore cernés par les inondations. Des secouristes ont ainsi raconté à l’agence « Press Trust of India » comment ils avaient lutté toute la nuit de samedi à hier pour sauver une mère et son nouveau-né des eaux montantes dans la région montagneuse d’Idukki. Mais les opérations sont d’autant plus difficiles que plus de 10 000 kilomètres de route et pas moins de 134 ponts ont été endommagés, isolant des districts entiers dans les zones escarpées du Kerala, qui sont les plus affectées. Des hélicoptères ont été engagés pour larguer eau potable, nourriture et médicaments sur des zones isolées, et des trains chargés d’eau potable ont aussi été envoyés vers le Kerala. Mais ces efforts restent insuffisants aux yeux du chef de l’exécutif de cet État, qui a demandé des financements supplémentaires ainsi que l’envoi de 20 hélicoptères et de 600 bateaux à moteur en plus de ceux déjà déployés. Des dizaines de barrages et de réservoirs ont par ailleurs dû être ouverts, car le niveau des eaux a atteint un seuil dangereux, inondant de nombreux villages situés en aval.
Déjà , milliards de dollars de dégâts
La situation dans la ville de Chengannur, située à quelque 120 km au nord de la capitale du Kerala ,Thiruvananthapuram, et qui a été coupée du monde pendant quatre jours, est particulièrement alarmante. Saji Cherian, qui représente Chengannur à l’Assemblée du Kerala, a dit craindre à la télévision Asianet TV un bilan d’au moins cinquante morts dans sa ville, et a éclaté en sanglots en réclamant des hélicoptères pour sauver les habitants. Les pertes causées par ces intempéries catastrophiques sont déjà estimées à au moins 2,9 milliards de dollars, a déclaré le gouvernement local – un chiffre amené à être revu à la hausse. Au total, 868 personnes sont mortes dans sept États indiens depuis le début de la mousson.