Var-Matin (Grand Toulon)

Nice : le voleur de valise coffré pour des violences conjugales

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Il a dévalisé une touriste au sens propre. Bilel H., Algérien de 33 ans, a été pris la main dans le sac, ou plutôt, dans la valise qu’il venait de rapporter du palais de la Méditerran­ée, sur la promenade des Anglais à Nice. Le voilà jugé pour vol, hier après-midi, devant le tribunal correction­nel de Nice. Il n’a pas fait le voyage depuis sa cellule pour rien : il comparaît aussi pour une affaire de violences conjugales. Anis S., même âge, même origine, comparait dans le box à ses côtés pour recel de la valise volée. Seul manque à l’appel un troisième larron : Imed S., Tunisien de 36 ans… libéré par erreur. Son avocat, Me Baptiste Bermondy, est resté stupéfait en apprenant que son client avait quitté la prison contre l’avis du tribunal. En attendant son retour en prison, le voilà gratifié d’un mandat d’arrêt. Le fugitif avait été interpellé avec Bilel H. le 22 juillet, dans l’appartemen­t de la rue Lamartine à Nice, que venait de rejoindre l’homme à la valise. Les policiers ont été accueillis par Anis S., lequel a aussitôt pris la tangente. Ils y ont déniché Imed S., qui tentait vainement de se fondre dans le décor. Dans l’appartemen­t, ils ont aussi retrouvé la fameuse valise, tout juste subtilisée à une touriste chinoise sur la terrasse de l’hôtel de luxe niçois. Mais aussi d’autres bagages et appareils multimédia, parfois issus de vols remontant à 2010.

« Fatigué de cette vie-là »

«J’ai trouvé la valise. J’ai pris. J’ai pas vu de gens… », certifie Bilel H., dans un français mal assuré. À ses dires, il s’apprêtait à ramener le bagage au commissari­at, soi-disant fermé entre midi et deux. « C’est incroyable ce qu’on peut trouver à Nice: des armes, des stups… et là, il a trouvé une valise ! », ironise la procureure Brigitte Funel. Convaincue qu’« il s’agissait d’un vol », la représenta­nte du ministère public requiert huit mois de prison ferme contre le dévaliseur. Huit mois, c’est le « tarif » requis aussi contre Anis S., poursuivi pour recel, en situation irrégulièr­e de surcroît. Anis S., « fatigué de cette vie-là » ,a « pris la fuite parce qu’il a eu peur » , défend Me Marion Combe. Anis S. souhaite de toute façon « rentrer en Algérie », à ses dires. Imed S., le grand absent, se voit prescrire un an à l’ombre. Avec, pour lui aussi, trois ans d’interdicti­on du territoire français. Le tribunal, présidé par Anne Vincent, se montre plus tempéré. Il inflige huit mois ferme avec mandat d’arrêt et interdicti­on du sol français à Imed S., trois mois pour Anis S., et cinq pour Bilel H. Peine aménageabl­e pour ce dernier. Oui mais voilà : l’intéressé n’en a pas fini avec la justice. Affaire suivante. Bilel H. reste dans le box, seul cette fois. Il doit à présent répondre de violences conjugales sur sa femme. C’est d’ailleurs ce second dossier, et non le vol de valise, qui lui vaut de dormir en prison depuis début août.

Gestes violents, crachats…

En couple depuis 2012, papa depuis 2014, Bilel H. s’est montré violent envers sa femme de longue date. Quinze jours après leur mariage, il l’aurait ainsi frappée avec une chaîne, puis immobilisé­e. La présidente Vincent énumère «les coups » , les «gestes violents » , les « crachats » à répétition dénoncés par son épouse. Celle-ci, absente des débats, a pourtant renoncé à se constituer partie civile. Qu’à cela ne tienne. Brigitte Funel, au nom de la société, s’appuie sur un rapport d’expert accablant. «On savait que les statistiqu­es des violences conjugales sont parmi les plus élevées dans les Alpes-Maritimes. Ce monsieur contribue à les gonfler », grince la représenta­nte du ministère public. Bilel H. nie en bloc. S’exprimant tour à tour en français et en arabe – « quand ça l’arrange», observe le procureur –, le prévenu se défend de tout geste violent. Sans avocat, comme lors du précédent dossier, il éprouve toutes les peines du monde à se montrer convaincan­t. Et à expliquer ces armoires retrouvées cassées, cette porte de four enfoncée. Brigitte Funel avait requis huit mois de prison ferme. Le tribunal inflige bien huit mois à Bilel H. Mais elle en assortit trois d’un sursis avec mise à l’épreuve.

Newspapers in French

Newspapers from France