Var-Matin (Grand Toulon)

Violent feu à Nice : une femme périt sur son balcon

Une locataire de 62 ans est décédée dans l’incendie de son appartemen­t du quartier Saint-Roch, dans la nuit de mardi à mercredi. Sept autres, dont un bébé, ont été intoxiqués

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr AVEC C. CIRONE

Quand les cheveux de la dame se sont embrasés, j’ai détourné les yeux. C’était horrible. » Mercredi matin, plus de sept heures après le début de l’incendie qui a dévasté un appartemen­t et provoqué la mort d’une personne, Marra David est encore sous le choc. Elle a assisté, impuissant­e, au décès en direct de Sylviane P., 62 ans, dont l’appartemen­t s’est transformé en brasier. Vers minuit, les premiers appels au « 18 » arrivent au centre de traitement de l’alerte. Des témoins signalent un inquiétant dégagement de fumée au quatrième étage des « Jardins de Saint-Roch », immeuble HLM du 8, rue Acchiardi-de-SaintLéger, dans le quartier Saint-Roch à Nice. Des jeunes du quartier, – les premiers à intervenir –, ont vainement tenté d’installer des poubelles sous le balcon de la malheureus­e qui est piégée, incapable, alors qu’elle vient de subir une opération de la hanche, d’enjamber la rambarde. D’autres montent dans les sept étages et tapent aux portes.

« En apnée dans un nuage de fumée »

« On a commencé à entendre hurler dans la rue. On a d’abord cru à une dispute entre jeunes», témoignent Gilles et Rose-Marie, qui ont fui leur domicile, situé au troisième étage. «Des gens criaient: “Il faut sortir !” On a descendu l’escalier en apnée, dans un nuage de fumée. On a eu du mal… » Le premier fourgon arrive « neuf minutes après l’alerte », précise le lieutenant-colonel Olivier Riquier, le commandant de l’opération de secours. Le feu est particuliè­rement violent. Sylviane P. était-elle atteinte du syndrome de Diogène ? En tout cas, elle accumulait les objets de toutes sortes dans son trois-pièces. Ce bric-à-brac invraisemb­lable alimente les flammes qui redoublent de virulence. Jusqu’à quatre-vingt pompiers, au plus fort du sinistre, sont sur place. Six lances à incendie sont en action sur la façade ouest : «Le but est d’éviter un embrasemen­t généralisé », explique l’officier du service départemen­tal d’incendie et de secours. Côté rue, deux grandes échelles sont déployées. Dix personnes sont évacuées par les nacelles. Vingt-cinq autres sont mises en sécurité.

« J’ai mouillé des serviettes »

Sept personnes dont un nourrisson, intoxiqués à des degrés divers par les émanations de fumée, sont transporté­es dans les hôpitaux. Toutes les casernes sont mobilisées et des sapeurs-pompiers d’Antibes viennent même en renfort. Le stationnem­ent anarchique ne facilite pas l’interventi­on. Pas plus que l’irruption de jeunes (lire ci-dessous) dont certains, prennent à partie les sapeurs-pompiers. La police doit intervenir et interpelle trois individus conduits en garde à vue. Très vite, la Ville met à dispositio­n des habitants le gymnase Leyrit voisin. Des lits de camps sont installés. Des sinistrés sont pris en charge et réconforté­s. Assis sur un muret en face de son immeuble, Thierry Lantin, l’un des locataires évacués, confie avoir eu la peur de sa vie : « C’était impossible de descendre par les escaliers, raconte-t-il... Alors, j’ai suivi les conseils que j’avais vus à la télé. J’ai mouillé des serviettes et j’ai calfeutré la porte. Et avec ma femme, on a attendu les secours sur notre terrasse.» Hier matin, la rue, envahie par une forte odeur de suie, est encore sous le choc. Les visages noircis de pompiers, assis sur le trottoir en train de s’hydrater après des heures de lutte, en disent long sur la difficulté de l’opération. Plusieurs habitants patientent sur le trottoir en espérant rapidement regagner leur domicile. Deux bennes entières de gravats seront sorties de l’appartemen­t dévasté. Un commerçant du rez-de-chaussée, les pieds dans l’eau, espére le retour de l’électricit­é pour sauver ce qui pouvait l’être de son activité d’aquariophi­le. Un ingénieur inspecte les étages pour vérifier si la structure de l’immeuble permet ou non un retour à court terme des locataires. Hier soir, c’étaient encore des sapeurs-pompiers qui étaient les seuls habilités à inspecter les appartemen­ts.

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(Photos Franck Fernandes et J. M. Poupart) Un incendie particuliè­rement virulent a endeuillé le quartier Saint-Roch à Nice.
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Deux bennes de gravats ont été extraites hier matin de l’appartemen­t d’où est parti le sinistre meurtrier.

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