Acte de solidarité ou entrave aux secours ?
Les sapeurs-pompiers niçois sont régulièrement la cible d’incivilités voire d’agressions lors d’interventions. Une fois de plus, hier, des incidents ont émaillé l’opération de secours et trois personnes ont été placées en garde à vue.
« Des jeunes ont voulu aider »
L’une d’elle restait hier soir sous main de de justice. « C’est encore très grave ce qui s’est passé», déplore le lieutenant-colonel Olivier Riquier. Certains prétendent qu’ils étaient là pour nous aider. Ils ne nous ont pas aidés du tout, pire, ils nous ont retardés. »
Marah David a vu la victime de l’incendie de la rue Acchiardi-de-Saint-Léger s’embraser sur son balcon. Elle prend la défense de jeunes qui étaient les premiers sur
les lieux du drame. « Ils ont placé des poubelles sous le balcon de la dame pour qu’elle saute. Mais elle était trop corpulente pour enjamber son balcon. »
« Les sapeurs-pompiers sont d’abord arrivés avec un camion. Il y avait un problème de pression d’eau. Ensuite, un pompier a tenté d’atteindre le balcon avec une échelle, mais le feu était trop violent. Des jeunes ont aidé à dérouler la lance tout comme mon mari. Ils hurlaient
aux pompiers :“Dépêchez-vous, elle va brûler !” C’est malheureusement ce qui s’est passé, raconte en
larmes, Marah David. Je trouve trop facile de rejeter la faute sur eux. Ces jeunes étaient plein de bonne volonté. C’est vrai qu’ensuite, il y a eu des insultes proférées,des provocations. Mais tout le monde était sous le choc d’avoir vu cette dame mourir. » D’autres locataires des Jardins de Saint-Roch louent « le courage et la solidarité » de certains jeunes: « L’un d’eux a tambouriné à ma porte et m’a dit de sortir », rapporte une retraitée, assise devant le gymnase Leyrit.
Ce que confirme Gilles Triaud, locataire du troisième: «C’était la panique. La dame (ndlr la victime) était à son balcon et hurlait. Elle était en feu. Des jeunes ont voulu tirer les tuyaux pour aider les pompiers. Cela partait d’un bon sentiment.» En tout cas l’esprit de solidarité a vite dégénéré alors que la retraitée avait succombé.
L’appui du préfet
Les sapeurs-pompiers se plaignent d’avoir subi des insultes et des provocations. Ils ont reçu hier le soutien indéfectible des représentants de l’État. D’abord la
sous-préfète Gwenaelle Chapuis, sur place au moment des faits : « Des pompiers ont été malmenés lors de leur arrivée avec obstruction à leur travail. La police a dû intervenir avec des gaz lacrymogènes. » Le préfet GeorgesFrançois Leclerc, dans un
communiqué, « condamne avec la plus grande fermeté les violences intolérables dont les sapeurs-pompiers ont une nouvelle fois été la cible cette nuit dans l’exercice de leur mission de secours ». Le préfet remercie les sapeurs-pompiers du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) des Alpes-Maritimes « pour leur réactivité exemplaire. Il en est de même pour les policiers nationaux, les militaires de Sentinelle et les policiers municipaux de la ville de Nice, mobilisés cette nuit ». Georges-François Leclerc poursuit : « Leur intervention a été déterminante afin de permettre aux sapeurs-pompiers d’accomplir leur mission avec la plus grande efficacité. » Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemental, président du SDIS, le député Éric Ciotti et Christian Estrosi, le président de la Métropole, ont également exprimé leur soutien aux sapeurs-pompiers à travers des communiqués.