Toulon en pleine transition PHILIPPE BERSIA
L’échec de Fabien Galtié a aussi marqué la fin des années stars au RCT. En cette année de transition, la « génération Wilkinson » doit prendre le relais. Exaltant, mais plus facile à dire qu’à faire...
Nouveau staff, cette fois recomposé par Mourad Boudjellal autour de Patrice Collazo, nouveau projet estampillé « Toulonitude » et basé sur la formation, cet exercice 20182019 doit marquer un tournant dans la vie du RCT et un retour aux valeurs ancestrales toulonnaises. De quoi renouer avec les brillants résultats passés ? À l’aube de cette saison de transition qui doit faire la part belle aux jeunes et aux valeurs de combat, l’enthousiasme et l’espoir sont bien là, mais les doutes aussi car l’incertitude est grande ! Surtout au moment où le dispositif Jiff ne joue pas encore à plein et où la concurrence poursuit presque partout sa course à l’armement... L’échec de Fabien Galthié, qui a provoqué en suivant un nouveau psychodrame sur les bords de la rade, a marqué cette dernière saison la fin d’un cycle et d’une époque bénie. La fin d’un modèle économique, qui avait permis à Mourad Boudjellal d’attirer les plus grandes stars à Mayol avec un temps d’avance sur la concurrence. Aujourd’hui dépassé par les puissances de l’argent sur le marché des transferts, Mourad Boudjellal a dû tourner la page des années « stars » pour se recentrer vers la formation et l’ADN toulonnais, ce qui le taraudait déjà depuis un bon moment. Désormais plus fort d’un nouvel actionnaire, Bernard Lemaître, qui vient de rentrer au capital du RCT à hauteur de 25 %, le président toulonnais a annoncé le lancement de sa future « Fabrique à champions », un nouveau centre de formation qui jouxtera bientôt le centre d’entraînement historique et pourra, à moyen terme, accueillir jusqu’à 60 pensionnaires...
Objectif phase finale de Top
Mais le court terme, et notamment cette saison 2018-2019, recèle encore aujourd’hui une grande part d’incertitudes. Cette fois, Mourad Boudjellal a jeté son dévolu sur Patrice Collazo (44 ans), un homme du cru au tempérament volcanique, dont il attend beaucoup au niveau du management. « C’est beaucoup de fierté de représenter Toulon », a précisé Collazo dès son arrivée surprise à Toulon. De retour au bercail après 22 ans d’absence et une expérience plutôt très concluante à La Rochelle, même si elle s’est achevée en queue de poisson, l’ancien pilier et nouveau directeur sportif du RCT prend peu à peu ses marques. Sa mission ? Tirer la quintessence d’un groupe qui doit continuer d’être ambitieux mais n’aura plus rien à voir avec l’armada championne d’Europe. Pour l’heure, le bonhomme a évidemment encore du crédit. Et ce ne sont pas des matches préparatoires plutôt ratés à Mayol (victoire contre le Stade Français, défaite contre Clermont et Lyon) qui vont l’entamer dès aujourd’hui. Mais Mourad Boudjellal, dont on connaît l’agitation et toutes les exigences, aura-t-il la patience requise pour une saison de transition ? Officiellement, le président se contentera cette année d’une simple qualification dans les six premiers en Top 14, soit le Smic à Toulon. Et même pas forcément une qualification en quart de finale de coupe d’Europe : «A moi d’apporter quelque chose, de mettre un cadre et de gagner des matches après avoir mis les joueurs dans les meilleures conditions possibles...
dit simplement Collazo. La légitimité de Toulon, c’est d’avoir des ambitions. Mais les saisons sont longues et il y a toujours des aléas. On essaiera d’aller le plus loin possible dans les deux compétitions. On aura ce qu’on mérite » assure-til, d’ores et déjà prêt à tout assumer.
Effectif très rajeuni
Secondé par les deux néo-retraités, Juan Martin Fernandez-Lobbe (en charge de la touche et de la défense) et Sébastien Tillous-Borde (pour les trois-quarts), le nouveau directeur sportif va aussi pouvoir compter sur quelques renforts de choix (Savea, Messam, Webb...), mais il devra tout de même composer avec un effectif très rajeuni et amputé de ses plus grandes stars (Nonu, Radradra, Lobbe, Vermeulen, Clerc, Habana). Déjà lancés l’an dernier par Galthié, les Belleau, Rebbadj, Soury, Carbonel, Gros et autres espoirs du RCT devraient être encore plus sollicités. Mais Collazo, qui sait évidemment toutes les exigences du Top 14, tient à tempérer :
« Pour moi, le vivier est très important, et Toulon a largement les moyens de s’appuyer à court, moyen et surtout long terme, sur la formation. Mais je ne suis pas là pour vendre du rêve, on ne débutera jamais un match avec quinze Crabos. On espère toujours apporter quelque chose. Mais la seule vérité, c’est avant tout de gagner des matches ». Un discours qui tranche déjà clairement avec le récent passé, et qui n’est pas sans rappeler celui de Richard Cockerill, le seul manager parti de Toulon fin 2016 la tête encore bien droite sur les épaules. Reste maintenant à le mettre en musique, si possible dès l’ouverture du championnat, pour ne pas laisser le doute assombrir l’horizon varois...