Var-Matin (Grand Toulon)

Un ultime regard sur 

- TH. PRUDHON

« La dimension humaine, terribleme­nt humaine de la politique », pour le meilleur et pour le pire lorsqu’elle s’apparente au jeu du chat et de la souris. Voilà ce que s’attelle à mettre en lumière Bruno Dive, éditoriali­ste au journal Sud-Ouest, dans une énième revisite de la campagne présidenti­elle « historique » de  – pour une fois que le terme n’est pas galvaudé. Cruel, il y décrit l’enterremen­t d’Henri Emmanuelli comme le plus beau meeting de campagne du PS, orphelin d’un Président sortant que Brice Teinturier, le directeur d’Ipsos, autant que ses propres enfants et leur mère, ont convaincu de ne pas se représente­r en lui démontrant que « le fil était rompu et qu’il ne pourrait plus le renouer ». Spontanées ou savamment mûries, les confidence­s dessinent rivalités, connivence­s et jeux du hasard. « On sort de son bureau et on ne sait jamais ce qu’il va faire. Hollande, c’est Alain Gillot-Pétré. Il nous dit toujours qu’il va faire beau ce week-end », ironise Macron sur Hollande. Et, deux ans plus tard : « Ma grande différence avec Nicolas Sarkozy et François Hollande, c’est qu’eux aiment la politique plutôt que présider. Moi, c’est le contraire. » Bruno Dive retrace aussi l’extraordin­aire baraka du nouveau Président. Fin août , quand Arnaud Montebourg est débarqué du gouverneme­nt, c’est Louis Gallois qui est d’abord pressenti pour le remplacer à l’Economie. Mais il reste injoignabl­e. Poussé par Manuel Valls, François Hollande opte donc pour Emmanuel Macron, qui… s’apprêtait à partir enseigner dans une université américaine. L’auteur revient par ailleurs sur l’éclatement de la droite. « Je savais que les Français ne m’aimaient pas, mais je n’imaginais pas que c’était à ce point », dira Sarkozy, qui ne s’est pas pardonné d’avoir accepté le principe d’une primaire. Par orgueil plus encore que par lassitude, Alain Juppé s’est lui refusé à forcer son destin lorsque François Fillon s’est trouvé acculé. « L’idée d’un plan B me vexait. Je suis un plan A, pas un plan B. » François Bayrou, dont Emmanuel Macron a réalisé le rêve centriste, estime pour sa part avoir été « roulé », tout en continuant à soutenir le chef de l’État. Chahuté, affaibli, ce dernier n’a cependant toujours aucune opposition structurée face à lui, conclut Dive, jugeant Laurent Wauquiez trop « clivant » pour l’incarner. Crimes et renoncemen­ts, Editions de l’Observatoi­re, 204 pages, 18 euros.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France