Nouveau coup dur pour le Pôle de la mode
La Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) a émis un avis défavorable au projet de centre commercial aux Valettes. Le maire ne baisse pas les bras
Un obstacle de plus dans un parcours semé d’embûches. La Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) vient de rendre un avis défavorable au projet de Pôle de la mode. Un nouveau coup dur pour cette entreprise, portée depuis décembre 2011 par la SARL Le Muy Développement, qui devrait réunir une centaine de commerces au lieu-dit Les Pinèdes, dans le secteur des Valettes. La CDAC (1) motive sa décision par une longue liste – trois pages ! – d’éléments qui posent problème. Le rapport pointe d’abord « un étalement urbain inapproprié [qui] crée un mitage du paysage agricole. » Pour six membres de la commission sur dix, « le projet ne respecte pas plusieurs dispositions du Plan local d’urbanisme (PLU) en termes de stabilité des sols, d’écoulement des eaux, de gestion du volume de déchets ».
« Des croisiéristes chinois et russes venus de Toulon ou Nice »
La CDAC estime que « [ce] Pôle [...] a pour cible principale, au détriment des populations locales, un transit touristique organisé et artificialisé, ciblé sur des croisiéristes chinois et russes, véhiculés par bus à partir des sites trop éloignés que sont les ports de Toulon, Marseille et Nice, générateurs de pollution par déplacements motorisés ». Concernant les incidences sur le trafic routier, les auteurs du rapport reconnaissent que le centre commercial « ne devrait avoir qu’un effet modéré sur le réseau départemental. » Mais ils précisent aussitôt : « Il se situe toutefois à proximité immédiate d’un échangeur autoroutier dont il pénalise le fonctionnement et endigue les flux routiers fluides en provenance de l’A8. Une suspicion de blocage de la gare de péage [...] aux heures de pointe reste possible. » Ils notent, en outre, que ces constructions sont « susceptibles de compromettre le projet de ligne LGV Marseille-Nice, puisque comprises dans la zone de passage préférentielle du projet de ligne ferrée ». Rappelant que « ce projet n’est pas conforme aux orientations du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) de la Dracénie », les rédacteurs jugent que « l’équipement commercial projeté est, par son envergure, de nature à défigurer le capital paysager de la commune du Muy. Plus largement, il porte atteinte au cadre naturel remarquable de l’Est varois et du Golfe de Saint-Tropez ». Ils estiment, enfin, que «lenouveau concept de tourisme commercial proposé est susceptible, par sa concentration d’activités, de pénaliser le fonctionnement du territoire de la Dracénie, en termes d’emplois et d’attractivité des centres-villes environnants ». Ces arguments sont, peu ou prou, ceux développés depuis plusieurs années par le Collectif DCA Paca. Son président, Stéphane Iseppi, se réjouit de cette décision qu’il espérait. Mais celui qui est aussi élu, adjoint au commerce à Saint-Raphaël, ne baisse pas la garde : « Les promoteurs ont prouvé qu’ils étaient déterminés. Je pense qu’ils vont, une fois de plus, modifier leur projet de façon cosmétique avant de le représenter à la CDAC. »
Liliane Boyer : « Une décision politique »
De son côté, Liliane Boyer, dénonce une « décision politique ». « Un mot d’ordre d’opposition a été donné par quelques élus et les autres obéissent, accuse la première magistrate du Muy. Mon collègue des Arcs [Alain Parlanti, Ndlr], qui a déjà tout ce qui lui faut sur son territoire, en veut encore plus ! Quand on pense qu’à la CDAC, c’est lui qui représentait les intercommunalités du Var... » La maire hoche la tête : «Le temps fera son oeuvre. Je suis convaincue que le Pôle de la mode sortira de terre – quelle que soit la mauvaise foi de nos contradicteurs. » 1. L’ouverture d’une surface de vente supérieure à 1 000 m² nécessite l’obtention préalable d’une autorisation administrative délivrée par la CDAC, présidée par le préfet et composée de sept élus, dont le maire de la commune d’implantation, et de personnalités « qualifiées en matière de consommation, de développement durable et
d’aménagement du territoire » (article L751-2 du Code de commerce).