Sur la route avec Massif central de Christian Oster
Parmi les trois romans en lice pour le Prix des lecteurs du Var 2018, ce road trip métaphysique se révèle aussi palpitant qu’un polar. À vous de lire et de voter. Rencontre avec son auteur
« Entre Denver et Paul, il y a Maud. La femme que Paul a prise à Denver, et qu’il vient de quitter. Trahison et désamour, une double faute que Denver, un personnage apparemment incontrôlable, semble prêt à lui faire expier». Entrer dans la tête de Paul, comprendre les motivations qui poussent cet homme à fuir, de faux amis en vagues connaissances, dans une province fascinante et désespérante. Comprendre la futilité de la vie et des relations et en même temps vivre cette histoire comme un polar, c’est toute la richesse de Massif central, dernier roman de Christian Oster, servi par son écriture ciselée, réjouissante.
Après Rouler et La vie automatique, vous explorez encore l’idée de déplacement, voire de fuite. Qu’est-ce qui vous pousse vers cela ? Est-ce que vous progressez dans cette exploration ? S’il y a un progrès, je ne pense pas que ce soit dans le domaine du roman de route. Presque tous mes romans sont aussi des romans de route. Pour moi, le déplacement est presque une facilité, qui me permet de faire bouger mes personnages, donner un mouvement… J’ai la hantise des huis clos. Il n’y a pas de stratégie, je le fais parce que j’en ressens le besoin.
Ce personnage dénonce la farce sociale dans la société… Cela est un peu nouveau, parce que jusqu’à présent, tout le monde était beau, tout le monde était gentil, dans mes romans. Là, cela m’a amusé de me mettre dans une position parfois presque de détestation, ou de critique aiguë. Dans la vie, cela arrive aussi que l’on ait des détestations, des rejets, etc. Cela m’a amusé de dépeindre des gens et des relations parfois fausses, ou vides. Jusqu’à présent, j’ai toujours eu une préférence pour l’humour par rapport à l’ironie, et là, des formes d’ironie apparaissent. Cela vient selon l’histoire.
Vous êtes aussi un auteur prolifique de littérature jeunesse. Qu’est-ce qu’un genre vous apporte par rapport à l’autre ? Aucun des deux genres n’apporte quelque chose à l’autre. Ce qu’il y a de commun aux deux est une forme d’humour, même si ce n’est pas le même.
Comme dans les contes, une forme de décalage joue aussi dans les romans. Ce sont des économies d’écriture très différentes. C’est ce grand écart qui m’amuse. Mais j’écrirais beaucoup moins naturellement des dialogues de théâtre, par exemple, alors qu’il y a beaucoup de dialogues dans mes romans et mes contes.