Pickpockets dans la région : Bucarest prête deux policiers
Denis a troqué son uniforme de policier niçois pour un sac à dos, des lunettes de soleil et un bermuda. Les portes du tramway s’ouvrent : il s’engouffre avec la foule des passagers et deux policiers roumains. Cette coopération est une première. La traque des pickpockets peut commencer. De Marseille à Menton, les vols à la tire sont l’une des plaies de la haute saison. Pour endiguer le phénomène, le conseil régional a lancé une expérimentation cet été en prenant en charge deux officiers roumains.
Renfort à Saint-Raphaël
Ils ont intégré des équipes pour renforcer la sécurité de Nice, Cannes, Menton, Saint-Raphaël et Marseille. À Nice, ils sont venus ponctuellement renforcer l’USTC (unité de sécurité des transports en commun), créée il y a deux ans. « Ils peuvent aider à identifier des auteurs mais également à prendre en charge de victimes », commente la commandante Florence Gavello, du service communication de la Sécurité publique.
L’art de la filature
Les vols dans les transports en commun, dans les gares ou aux stations de bus et de tramway, peuvent transformer un séjour touristique en cauchemar. Surtout quand la victime ne maîtrise pas la langue française. Même si ces agents étrangers n’ont pas les pouvoirs et les prérogatives de leurs homologues locaux, ils constituent un appui appréciable notamment dans la filature des pickpockets. Un exercice très complexe selon Denis, policier spécialisé. « Cet été, nous avons eu affaire à un réseau polonais très organisé, révèle le gardien de la paix. Une fois le pickpocket identifié, il faut parvenir à constater le flagrant délit, à le suivre dès qu’il sort du bus ou du tram tout en s’occupant de la victime… Une victime qui ne comprend pas ce qui se passe. Les Asiatiques, par exemple, qui sont des cibles privilégiées des voleurs, ne savent pas que des policiers en civil peuvent agir. Ça n’existe pas chez eux. »
Vigilance près des bornes d’achat
Il faut ensuite pour les policiers récupérer le butin. Là encore, les malfaiteurs sont rodés : le portefeuille passe de main en main, il est rapidement abandonné et le voleur ne garde que l’argent liquide. Si ce sont des euros, impossible de prouver qu’il s’agit de l’argent qui vient d’être subtilisé à un passager. Les bornes d’achat de tickets sont également très prisées des voleurs. Les usagers qui utilisent leur carte bancaire sont repérés. « Les pickpockets mémorisent les codes confidentiels et peuvent, ensuite, non seulement voler la victime mais l’escroquer en utilisant la carte bancaire », prévient un policier de l’USTC. Le président de la Région Sud a reçu les deux policiers roumains cette semaine. Selon Renaud Muselier, cette coopération avec les ministères de l’Intérieur français et roumains s’est révélée « efficace », même s’il semble difficile de mesurer l’apport de ces officiers étrangers.