JEAN JOUZEL : « DIFFICILE D’ATTEINDRE L’OBJECTIF ZÉRO CARBONE EN » PROPOS RECUEILLIS PAR A.-S. JOUVENAUD
Le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Giec et membre de l’Académie des sciences, regrette la décision de Nicolas Hulot. Pour lui, la politique de Macron sur l’écologie est sur la bonne voie, déplorant seulement que sur « le climat les textes sont là mais la concrétisation des actes n’y est pas ».
La France mène-t-elle une bonne politique sur le plan climatique ?
Alors oui, dans les textes oui, c’est parfait. Que ce soit d’ailleurs à la fois dans l’actu internationale et en France, les accords de Paris ont une cohérence. C’est parfait si ce n’est qu’à mon sens il manque un volet agriculture trop souvent négligé. Après, en réalité, c’est autre chose…
Quels sont justement les aspects positifs et négatifs mis en place par l’Etat jusque-là ?
Eh bien, il semblerait que les mots « climat » et « environnement » n’aient pas beaucoup été utilisés par Emmanuel Macron et Edouard Philippe depuis leur élection ! Ça me semble difficile d’atteindre l’objectif zéro carbone en . Pour ça, encore faudrait-il arriver à la diminution des gaz à effets de serre. Cela demande des investissements, pas simplement dans les textes mais surtout dans les actes, on en est loin.
Que devrait faire le gouvernement d’Edouard Philippe dans l’idéal ?
Encore une fois, sur le climat, les textes sont là mais la concrétisation des actes n’y est pas. On est en train d’essayer des choses comme le renouvelable en mais l’objectif ne sera pas atteint. Il n’y a pas de respect des lois ni des objectifs. La biodiversité, le glyphosate sont des sujets trop peu exploités. Dernièrement, et c’est autre chose, la désillusion sur la prise de position de l’État, clairement électoraliste, sur la chasse.
Comprenez-vous la démission de Nicolas Hulot du gouvernement ?
Je regrette sa décision mais je la comprends… C’est difficile honnêtement d’être objectif et positif pour l’avenir. On n’en voit pas le chemin. On ne change pas nos modes de fonctionnement alors que le climat, qui devrait être la priorité numéro un, ne l’est finalement pas.