La maison brûle...
« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille. » Emmanuel Macron peut désormais faire sienne la fameuse maxime chiraquienne. Lui à qui tout souriait, de manière indécente, empile à présent les revers avec une poisse aussi collante que le sparadrap du capitaine Haddock. La démission à la hussarde de Nicolas Hulot dépasse toutefois largement les états d’âme d’un écorché vif et la fragilisation d’un Président qui accumule les balafres. Si crise politique il y a bel et bien, l’essentiel n’est pas là. « Je n’y crois plus. » Les mots de Hulot nous renvoient à une irresponsabilité collective. La conscience écologiste a, aujourd’hui, imprégné les esprits, sans bousculer pour autant nos modes de vie avec la radicalité indispensable. La question de l’écologie pâtit encore d’une approche culturelle déficiente. A sa façon brutale, Nicolas Sarkozy a tout dit hier du peu de cas qu’en fait une grande partie de la classe politique : « Qu’il y ait M. Hulot ou pas, la question de l’immigration est centrale. Qu’il y ait M. Hulot ou pas, la question du montant des impôts qu’on paie ou pas est centrale, c’est tellement plus important, passionnant (que la démission du ministre, ndlr) .» Si Hulot n’a pu infléchir la tendance, qui y parviendra ? Au-delà d’une insatisfaction chronique, il aura malgré tout fait avancer la cause verte. Comme beaucoup d’autres avant lui, et après lui. Car Nicolas Hulot, quelle que soit son incarnation médiatique de l’écologie depuis trente ans, n’en détient pas le monopole. On peut même considérer, à l’instar d’Alain Juppé, que son départ va participer de son oeuvre et créer « un électrochoc qui nous incitera tous à réfléchir et à changer ». Restent des lobbies qui lui survivront et une situation internationale peu propice à un big bang écologique, les émissions de gaz à effet de serre étant notamment reparties à la hausse. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », disait Jacques Chirac au Sommet de la Terre de Johannesbourg. C’était en septembre . Seize ans plus tard, le feu a encore gagné du terrain. A l’aune des couardises mondiales, en particulier du
mépris criminel de Donald Trump pour la protection de la planète, le départ de Nicolas Hulot s’apparente hélas ! à une goutte d’eau dans un océan de renoncements. Il nous laisse face au même dilemme : l’écologie des petits pas relève-t-elle du réalisme ou du cache-misère ?
« Une goutte d’eau dans un océan de renoncements. »