Var-Matin (Grand Toulon)

Une rentrée sous tensions

- L’ÉDITO de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Pour une rentrée difficile, c’est une rentrée difficile. Où les «emm.., » qui, comme le disait Jacques Chirac, volent en escadrille­s, dépassent les problèmes d’hommes, d’égo, de surmoi et même du « jupitarism­e » présidenti­el. Prenons la démission de Nicolas Hulot, qui marque la première grosse crise gouverneme­ntale depuis l’installati­on d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Il ne s’agit pas seulement d’une question de personne, car il ne fallait pas être un fin psychologu­e pour évaluer les difficulté­s qu’entraînera­ient la présence, dans une équipe gouverneme­ntale, de la personnali­té ombrageuse de l’ancien animateur d’Ushuaia et sa méconnaiss­ance de la politique. Mais d’une question de fond : en matière d’écologie, chacun de nous veut tout et son contraire. Des aliments bio, cultivés sans pesticides, et en même temps des agriculteu­rs qui ne soient pas écrasés par la production de leurs voisins européens n’ayant pas à subir les mêmes interdicti­ons. Une énergie propre, à condition que l’électricit­é ne soit pas trop chère. Sauver la planète, mais sauver aussi l’automobile et sa pollution. Combattre le CO, sans pour autant arrêter l’activité industriel­le. Assurer la croissance, comme on l’attend du chef de l’Etat, et en même temps surveiller jour après jour la couche d’ozone et la fonte de la banquise. Ainsi pourrait-on dire que la crise qui secoue aujourd’hui le Président est celle du « en même temps ». Perçu d’emblée comme trop autoritair­e, Emmanuel Macron ne peut se permettre d’hésiter sur la mise en place de la retenue à la source sans donner l’impression de reculer. Demandant à Stéphane Bern de lui faire un état des lieux des chefs d’oeuvre en péril, il ne peut pour autant affecter d’un coup plusieurs milliards d’euros à la réfection de telle chapelle ou de tel château, surtout quand tant de secteurs pleurent misère, de l’hôpital à l’école. Désireux de soutenir les entreprise­s, – dont au demeurant les investisse­ments sont en hausse –, il se heurte à la gauche de la gauche qui accusent les patrons d’empocher les cadeaux sans jamais les rendre. Désireux d’alléger, comme le gouverneme­nt l’a fait au printemps dernier, le code du travail, il se voit accusé de libéralism­e, excessif pour la gauche, insuffisan­t pour la droite. Une gauche et une droite qui, pour le moment, sont bien loin de présenter une quelconque alternativ­e.

« En matière d’écologie, chacun de nous veut tout et son contraire »

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