Une rentrée sous tensions
Pour une rentrée difficile, c’est une rentrée difficile. Où les «emm.., » qui, comme le disait Jacques Chirac, volent en escadrilles, dépassent les problèmes d’hommes, d’égo, de surmoi et même du « jupitarisme » présidentiel. Prenons la démission de Nicolas Hulot, qui marque la première grosse crise gouvernementale depuis l’installation d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Il ne s’agit pas seulement d’une question de personne, car il ne fallait pas être un fin psychologue pour évaluer les difficultés qu’entraîneraient la présence, dans une équipe gouvernementale, de la personnalité ombrageuse de l’ancien animateur d’Ushuaia et sa méconnaissance de la politique. Mais d’une question de fond : en matière d’écologie, chacun de nous veut tout et son contraire. Des aliments bio, cultivés sans pesticides, et en même temps des agriculteurs qui ne soient pas écrasés par la production de leurs voisins européens n’ayant pas à subir les mêmes interdictions. Une énergie propre, à condition que l’électricité ne soit pas trop chère. Sauver la planète, mais sauver aussi l’automobile et sa pollution. Combattre le CO, sans pour autant arrêter l’activité industrielle. Assurer la croissance, comme on l’attend du chef de l’Etat, et en même temps surveiller jour après jour la couche d’ozone et la fonte de la banquise. Ainsi pourrait-on dire que la crise qui secoue aujourd’hui le Président est celle du « en même temps ». Perçu d’emblée comme trop autoritaire, Emmanuel Macron ne peut se permettre d’hésiter sur la mise en place de la retenue à la source sans donner l’impression de reculer. Demandant à Stéphane Bern de lui faire un état des lieux des chefs d’oeuvre en péril, il ne peut pour autant affecter d’un coup plusieurs milliards d’euros à la réfection de telle chapelle ou de tel château, surtout quand tant de secteurs pleurent misère, de l’hôpital à l’école. Désireux de soutenir les entreprises, – dont au demeurant les investissements sont en hausse –, il se heurte à la gauche de la gauche qui accusent les patrons d’empocher les cadeaux sans jamais les rendre. Désireux d’alléger, comme le gouvernement l’a fait au printemps dernier, le code du travail, il se voit accusé de libéralisme, excessif pour la gauche, insuffisant pour la droite. Une gauche et une droite qui, pour le moment, sont bien loin de présenter une quelconque alternative.
« En matière d’écologie, chacun de nous veut tout et son contraire »