Var-Matin (Grand Toulon)

François Flohic, témoin de la France gaulliste

Selon l’hebdomadai­re Le Point, l’ancien aide de camp du général de Gaulle, qui vivait au Brusc serait décédé hier à l’âge de 98 ans

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Le vice-amiral François Flohic, fidèle parmi les fidèles du général de Gaulle, serait décédé hier à l’âge de 98 ans, selon Le Point. Né le 2 août 1920 dans les Côtes-d’Armor, il s’était installé depuis de très nombreuses années dans une villa dominant les hauteurs du Brusc. Depuis que François Flohic a arrêté ses activités militaires, c’est à la peinture qu’il se consacrait. « Je puise dans mes souvenirs, sourit le nonagénair­e. La peinture, c’est ma vanité. On ne me l’a pas appris ! », avait-il déclaré dans nos colonnes au printemps dernier.

« On se reverra » lui avait dit le général

Lors de ce même entretien, il avait notamment raconté comment, au cours de la Deuxième guerre mondiale, il avait vu « trois fois » l’« homme du 18 juin ». Notamment en 1943, quand de Gaulle avait inspecté dans les highlands écossais les corvettes des Forces françaises navales libres. Il allait retrouver le « plus illustre des Français » en 1959, quand le marin allait devenir son aide de camp. « Quand je suis présenté à lui à la fin de l’année 1958, il me lance “il me semble vous avoir déjà vu ! Dans quelles circonstan­ces ?” Je lui dis et il me répond: “C’est bon, on se reverra !”» Les deux hommes étaient ainsi désormais liés. Quand éclatent les mouvements étudiants de mai 1968, François Flohic est toujours dans l’ombre du Général.

« J’étais un marin »

Depuis son canapé six-fournais, le Breton se souvenait d’un de Gaulle « surpris » par l’ampleur de la contestati­on et «qui constate son impuissanc­e. » « En 1968, racontait-il, ily avait beaucoup de mouvements étudiants dans des université­s américaine­s, pour protester contre la guerre du Vietnam. Mais le général avait condamné l’action américaine. De Gaulle ne pensait donc pas qu’on pouvait s’opposer à lui de cette manière… » Parmi eux, l’inoxydable François Flohic. « Pourquoi il m’a choisi ? Je m’interroge toujours ! Peut-être parce que j’étais calme, que je ne posais pas de questions, jugeait celui qui accompagne­ra également le général en Irlande après la victoire du “Non” au référendum de 1969. Et j’étais un marin ! Du coup, on ne faisait pas attention à moi dans la base. » Les raisons du séjour allemand - qui se déroula de «15h05à16h3­0» - interrogen­t. De Gaulle voulait-il faire intervenir l’armée contre les étudiants ? « Non, il souhaitait à la fois créer un choc et recevoir une forme de soutien psychologi­que de Massu. Ce dernier lui a parlé en militaire, lui a dit que le front n’était pas à Baden mais à Paris ».

« Très paternel avec moi »

Et 50 ans plus tard, quel regard portait « Flohic » sur cette journée ? « On ne savait pas si le général allait continuer, abandonner, revenir ! Tout était en balance ! » Reste que, jusqu’à la fin de sa vie, le vieil homme avait un petit pincement quand il évoquait le Grand Charles. « Il ne montrait pas ses sentiments… Mais a toujours été très paternel avec moi. » La rédaction de Var-matin adresse ses sincères condoléanc­es à la famille et aux proches du vice-amiral Flohic.

 ?? (Photo doc. Frank Muller) ?? Au printemps dernier, le vice-amiral François Flohic dans sa villa dominant les hauteurs du Brusc. Les murs sont tapissés de tableaux de vahinés, de navires, de paysages...
(Photo doc. Frank Muller) Au printemps dernier, le vice-amiral François Flohic dans sa villa dominant les hauteurs du Brusc. Les murs sont tapissés de tableaux de vahinés, de navires, de paysages...

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