Var-Matin (Grand Toulon)

Franceschi chercheur d’or

Sérieux prétendant à la couronne de champion du monde Junior (JWRC), le Fayençois JeanBaptis­te Franceschi, 22 ans, espère rafler la précieuse pépite ce week-end en terre turque

- GIL LÉON

Et si c’était lui ? À 22 ans, JeanBaptis­te Franceschi possède incontesta­blement le profil pour prendre le relais. Devenir bientôt la nouvelle perle rare « made in France » de la planète WRC, prolonger l’impression­nante hégémonie tricolore conduite de mains de maître depuis 2004 par les extraterre­stres Loeb et Ogier, sûr que l’espoir varois vivant à Fayence en rêve nuit et jour. Mais il ne le crie pas sur les toits... « Que l’on me désigne comme un successeur potentiel de telles références, c’est flatteur, ça fait plaisir », glisse le natif de Draguignan, tout sourire. « Mais je sais bien que rien n’est gagné d’avance. Lors de chaque course, dans chaque spéciale, il faut progresser, prouver. La remise en cause est permanente. » Après avoir atomisé la concurrenc­e sur les routes et chemins d’un championna­t de France Junior 2017 dominé de la tête et des épaules, celui-ci était logiquemen­t attendu au tournant de l’étage supérieur. D’autant plus que la pépinière fédérale décidait durant l’hiver de lui offrir les moyens de ses ambitions en programman­t pas moins de dix manches du Mondial sur son roadbook d’apprenti pressé de grandir.

Dix ans après Ogier ?

Résultat : alors que le virage turc décisif se profile à l’horizon, du côté de la fameuse station balnéaire de Marmaris (départ jeudi, arrivée dimanche), le voilà en piste pour coiffer la couronne JWRC. Dix ans pile après le titre Junior décroché par Ogier, l’exploit aurait valeur de symbole... Certes, le prometteur porte-drapeau n’aborde pas l’échéance majuscule en pole position. Intercalé au troisième rang de la hiérarchie provisoire avec 62 points, derrière les Suédois Emil Bergqvist (88 pts) et Dennis Radström (74 pts), devant l’Estonien Ken Torn (49 pts), ‘‘Jybé’’ Franceschi doit impérative­ment finir en trombe. Ses chances de réussite s’avèrent toutefois boostées par le coefficien­t 2 accordé à la cinquième et dernière étape du championna­t du monde Junior. « Le vainqueur empochera là 50 points au lieu de 25» , précise-t-il. « Et comme d’habitude, chaque meilleur temps permet de créditer une unité supplément­aire. Comme 17 épreuves spéciales jalonnent le parcours cette fois, il y a vraiment gros à gagner... » Autre paramètre non négligeabl­e : tout le monde va découvrir les rubans de terre surplomban­t la côte turquoise. « Tant mieux ! Contrairem­ent aux étapes précédente­s, nos rivaux directs ne profiteron­t pas de leur expérience. Ils ont déjà joué deux fois à domicile, en Suède puis en Finlande. Un bel avantage... Maintenant, on va lutter à armes égales sur des pistes moins rapides et plus cassantes qu’au Portugal, paraît-il. À nous de savoir en tirer bénéfice. » Brillant vainqueur d’étape en avril sur l’asphalte du Tour de Corse, l’ambassadeu­r de l’ASA Grasse a aussi fait forte impression cet été au pays des Finlandais volants. « Terminer dans le top 3 (3e, ndlr) là-haut, en progressan­t régulièrem­ent, jusqu’à enchaîner quelques excellents chronos à la fin, ça sonne comme une victoire » , savoure-t-il. « Et puis quel régal de flirter avec la limite sur ces toboggans vertigineu­x... Sensations dingues ! »

La clé du trésor...

Seul bémol à déplorer, le bris de transmissi­on qui a coupé net l’élan de la Ford Fiesta R2 de l’équipe de France Rallye en terre lusitanien­ne lui reste coincé en travers de la gorge. « Une défaillanc­e mécanique, ça peut arriver n’importe quand, on le sait. Dommage, parce que tous les concurrent­s ou presque ont rencontré des problèmes cette semaine-là. Il y avait donc moyen de finir 2e sans rouler à bloc, loin s’en faut. » Mieux vaudrait ne pas revivre le même coup d’arrêt à l’autre bout de la Méditerran­ée, où Franceschi espère aussi conforter sa place de leader du championna­t WRC3 (2 roues motrices). Une échéance qu’il veut aborder comme les autres. « Bien sûr, il faudra être tout de suite dans le rythme, à fond, afin de grappiller un maximum de points. Cette saison, j’ai appris beaucoup de choses. D’abord, et surtout, à gérer la prise de risques. Rouler vite quelle que soit la nature du terrain en restant ‘‘safe’’, sans tenter le diable, c’est une clé essentiell­e. » Celle qui donnera peut-être accès au trésor convoité par le chercheur d’or fayençois : la Fiesta R5 promise au prochain champion JWRC pour un programme de six manches WRC2 en 2019.

 ?? (Photos Jo Lillini et AFP) ?? Jean-Baptiste Franceschi (copiloté par Romain Courbon, à gauche) coiffera-t-il la couronne de champion du monde Junior dix ans pile après Sébastien Ogier ? Le pilote fayençois de la Ford Fiesta R portant les couleurs de l’équipe de France FFSA joue gros cette semaine sur les chemins cahoteux du Rallye de Turquie.
(Photos Jo Lillini et AFP) Jean-Baptiste Franceschi (copiloté par Romain Courbon, à gauche) coiffera-t-il la couronne de champion du monde Junior dix ans pile après Sébastien Ogier ? Le pilote fayençois de la Ford Fiesta R portant les couleurs de l’équipe de France FFSA joue gros cette semaine sur les chemins cahoteux du Rallye de Turquie.
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