Var-Matin (Grand Toulon)

«Je n’abandonne aucune partie du territoire»

Hier soir, après la visite du chantier de Chalucet, le Premier ministre Édouard Philippe a répondu aux questions de Var-matin, notamment sur l’insécurité dans les quartiers

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-LOUIS PAGÈS ET PHILIPPE COURTOIS

En visite dans le Var, le Premier ministre a bien voulu recevoir, en exclusivit­é, Var-matin, dans le bureau du maire de Toulon. Édouard Philippe a répondu à nos questions avant de présider un dîner républicai­n en présence notamment de tous les députés du Var et de prendre la route pour Canjuers où il a passé la nuit en souvenir, de ses dix mois sous les drapeaux, en 1994.

Face à la violence dans certains quartiers, les maires de la Métropole vous ont alerté quant au manque de moyens. Quelle est la réponse du gouverneme­nt ? Les maires et la population bien sûr… Je l’ai entendu. Je repars avec un dossier. Je vais voir le maire de La Seyne le  septembre, à Paris, et je vais en parler avec le ministre de l’Intérieur.

Vous comprenez que la population peut avoir un sentiment d’abandon ? Je ne suis là pour parler du sujet. Moi, je n’abandonne aucune des parties du territoire y compris celles dans lesquelles les attentes sont les plus fortes.

Et quelle sera, donc, la réponse du gouverneme­nt ? Vous avez remarqué que nous sommes engagés dans une politique ambitieuse. Que nous avons annoncé un certain nombre de choses s’agissant soit des quartiers, soit de la rénovation urbaine, soit des opérations de lutte contre la pauvreté ou contre les trafics. Le ministre de l’Intérieur est absolument déterminé. Mais vous savez, il y a un sujet sérieux qui est celui de l’insécurité. Je préfère ne pas le traiter sous l’angle polémique de “est-ce qu’il vient” ou “quand est-ce qu’il vient” ou “est-ce qu’il a oublié ?”

C’est la question des moyens qui se pose ! C’est tout… Oui, mais il ne vous aura pas échappé qu’au niveau national on a, dans le projet de loi de finances qui sera présenté à la fin du mois de septembre, une augmentati­on assez sensible des moyens qui sont attribués à tous les sujets relatifs à la défense (Défense nationale, sécurité intérieure, justice etc.).

Quel rôle allez-vous jouer dans les élections européenne­s ? Je soutiendra­i avec beaucoup d’enthousias­me et d’ardeur la liste qui permettra de porter les idées de la majorité et la vision présentée par le président de la République. En  et pour la première fois, va se jouer le sort de l’Union. Avant, c’était “êtesvous pour un peu plus de ceci ou un peu moins de cela”...

Et en  ? Le choix qui sera fait en France, et pas seulement en France, se portera sur ceux qui considèren­t que la seule voix pour garantir la paix et la prospérité est la puissance de l’Europe. Et ceux qui veulent la déconstrui­re telle quelle est. Et ils ne sont pas peu nombreux. La meilleure liste sera celle qui aura la capacité de rassembler.

Peut-on imaginer une liste avec des personnali­tés En Marche et Les Républicai­ns ? Je n’en sais rien. Ce n’est pas mon propos.

Est-ce souhaitabl­e? Vous comprendre­z bien que je suis sensible à tout ce qui constitue une logique de rassemblem­ent et de dépassemen­t des étiquettes partisanes. J’ai dépassé mon étiquette partisane parce que je pense qu’il est urgent de réparer le pays avec le président de la République. Et je l’assume parfaiteme­nt.

Vous pensez qu’il faut se rassembler sur un projet plutôt que sur une question partisane ? Vous prêchez un convaincu.

Quel que soit le scrutin ? Vous m’avez interrogé sur les Européenne­s.

On a vu que des maires en avaient ras-le-bol. Comprenez-vous leur désespoir ? Honnêtemen­t, depuis que j’ai commencé ma vie politique (en ), j’entends à mi-mandat, “c’est difficile, il n’y aura pas de candidats la prochaine fois”. On peut peut-être mettre un peu de perspectiv­e et de relativité… Toutefois, il est vrai que c’est difficile d’être maire. Et particuliè­rement d’une petite commune ou d’une ville moyenne. J’en suis convaincu. Cela demande un temps fou. On n’est pas toujours entouré comme on l’est dans une grande ville. On a des problèmes considérab­les à gérer. Certains maires sont déstabilis­és par les intercommu­nalités… Oui, certains maires ne retrouvent pas la nature du rapport à la décision publique. C’est un fait. Les décisions qui ont été prises pendant le quinquenna­t précédent ont changé un peu la nature de la prise de décision. Après, être maire c’est toujours la même chose : c’est expliquer, convaincre, s’engager et transforme­r.

Il y a aussi la baisse des dotations de l’État. Plus de  millions pour Toulon en ... Oui, à Toulon par exemple, entre  et , cela a dû baisser. Mais en , cela va remonter avec la Dotation de solidarité urbaine. Nous avons mis un terme à cette baisse. Et puis, on a donné la possibilit­é aux maires de choisir, comme par exemple pour les rythmes scolaires. Mais c’est vrai, c’est difficile d’être maire.

Et est-ce difficile d’être Premier ministre ? Non. La fonction est difficile, bien entendu, mais c’est passionnan­t.

Et la baisse dans les sondages ? Si vous saviez…

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(Photo Patrick Blanchard) Édouard Philippe, à propos des Européenne­s : «La meilleure liste sera celle qui aura la capacité de rassembler ».

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