Bonnes intentions

Le slogan – « Faire plus pour ceux qui ont moins » fleurait un peu trop la com’, mais le (long) discours était beau et les métaphores soignées. Après un été pourri et une rentrée calamiteuse, Emmanuel Macron a veillé à apporter un soin particulier à la présentation d’un plan pauvreté qui pourrait, si les promesses sont tenues, s’inscrire comme un temps fort de son quinquennat. Derrière l’empilage par trop hétéroclite de mesures allant de l’instauration de petitsdéjeuners à l’école à la création de structures destinées à faire disparaître les bidonvilles, il faut reconnaître que l’ensemble ne manque pas d’ambition. On le sent d’ailleurs sincère, notre Président, lorsqu’il fait référence, comme autant « de visages divers de ce qu’on appelle la pauvreté », à ces femmes et ces hommes rencontrés au hasard de ses déplacements. Cette « maman seule qui élève ses deux enfants à mi-temps, cette famille avec un seul revenu proche du Smic, ce sans domicile fixe, ancien cadre dans une entreprise, que l’on croise pendant plusieurs années ». Ces presque  millions de Français qui peinent à joindre les deux bouts, logés dans des taudis ou pas logés du tout. Ces travailleurs pauvres et ces pauvres qui cherchent du travail. Au-delà des discours et du catalogue convenu d’annonces, le président de la République doit maintenant dépasser le stade des bonnes intentions. Lui qui, comme Jospin et Sarkozy, avait commis l’imprudence en juillet  de promettre qu’il n’y aurait bientôt plus de SDF dans les rues la nuit, a amorcé hier un tournant social novateur privilégiant clairement l’activité à l’assistanat. Une option séduisante mais pas évidente. Car il reste maintenant à dégager les  milliards promis durant le quinquennat. Une paille, un « pognon de dingue » dans un contexte budgétaire décidément très tendu. Emmanuel Macron devra aussi préciser rapidement les contours du « revenu universel d’activité » annoncé pour , seule véritable innovation de ce plan pauvreté. Ce dispositif plus vertueux mais plus complexe que le RMI puis le RSA ne comportera pas uniquement une allocation, mais aussi des droits et des devoirs. Une nouvelle illustration de la jurisprudence très macronienne du « en même temps », appliquée cette fois à la politique sociale.