Var-Matin (Grand Toulon)

Comme un poisson dans l’eau

Auteur de son premier essai pour le RCT face à Castres, Filipo Nakosi savoure son bonheur de jouer à Toulon, où il a retrouvé son frère, le soleil, la mer... Un contexte « fidjien »

- PHILIPPE BERSIA

Ils ne portent pas le même nom de famille, comme c’est la tradition aux Fidji, mais Filipo Nakosi (26 ans) et Josua Tuisova (24 ans) sont bien frères de sang, à 100 % : à la fois très proches et très différents. Il n’y a qu’à les regarder physiqueme­nt pour retrouver les mêmes expression­s, les mêmes attitudes. Ils ont bien sûr grandi ensemble, joué au rugby à 7 ensemble, depuis toujours entretenu une forme de compétitio­n. Mais « le boss, c’est Jos, affirme Filipo, dans un grand sourire. Moi, je ne suis qu’un boss en devenir, enfin j’espère ...»

« Prouver que je suis au niveau »

Nettement plus bavard et expansif que son frère, Filipo Nakosi a la bonne humeur communicat­ive. Et ce ne sont pas quelques ratés au démarrage de sa saison, qui vont gâcher son bonheur de jouer à Toulon : «Je l’avais dit avant Castres : il fallait juste oublier ce qu’il s’est passé les deux premiers matches et repartir de zéro avec beaucoup de déterminat­ion. C’est ce qu’on a fait. Le discours de Patrice a été très positif. Maintenant, on a retrouvé le goût de la victoire. On se sent bien physiqueme­nt et mentalemen­t, on est heureux, tout va bien. On se concentre sur le prochain challenge contre le Stade Français. » Passé par tous les états d’âme contre Castres - le pire lorsque Laurent Cardona a refusé un essai à Jos sur une de ses passes jugée en avant, le meilleur lorsqu’il a pu libérer les siens en inscrivant son premier essai toulonnais à deux minutes de la fin - Filipo ne veut retenir que le meilleur : « Évidemment, j’étais triste d’avoir fait cet en-avant, mais Jos m’a réconforté. Il m’a encouragé, m’a poussé et j’ai marqué. C’était un très grand moment pour moi. Mon premier essai pour Toulon.» Auteur de huit essais l’an dernier avec Agen, Filipo, qu’il joue à l’aile ou à l’arrière comme il a pu finir le match contre Castres, est irrésistib­lement attiré par les lignes d’en-but. Et il n’est pas du genre à faire la fine bouche ou se poser trop de questions, même s’il reconnaît un peu de stress depuis qu’il a rejoint Toulon : « C’est vrai que je me sens un peu nerveux, car je découvre un nouveau club. À Agen, je jouais avec des joueurs moins expériment­és qui attendaien­t beaucoup de moi. Ici, j’ai des modèles devant moi. Et J’ai envie vraiment de bien faire. Je veux prouver que je suis au niveau et réussir, ici, ce que j’ai fait à Agen. » Ici, c’est Toulon, le soleil, la mer, le rugby, un peu comme chez lui aux Fidji : «Il fait chaud, et j’aime ça. Il y a la mer, aussi, qui est très importante pour moi, pour ma récupérati­on après les matches ou les entraîneme­nts. Je nage tous les jours deux heures...», précise celui qui adore également la pêche.

Business is business

Installé avec son épouse (il s’est marié l’été dernier, le même jour que Josua) qui apprécie aussi beaucoup la région mais n’a encore jamais vu l’hiver, Filipo savoure sa situation : «Je suis vraiment content de jouer à nouveau avec Jos. Cela faisait un moment...» Mais il comprendra­it très bien que la vie profession­nelle les sépare à nouveau: « Je suis venu en France à cause de lui. C’était une belle opportunit­é de lui emboîter le pas, mais s’il devait quitter le RCT, je trouverais ça normal. Les opportunit­és ne frappent qu’une fois à la porte...» Business is business. Mais la famille, même éclatée, restera toujours son socle. Ainsi, dimanche soir, Filipo et Jos sont-ils rentrés très tôt chez eux alors que leurs copains allaient boire quelques bières pour fêter la victoire: «Je n’aime pas boire. Et cela n’a rien à voir avec la religion, précise Nakosi. On est surtout rentré très vite à la maison parce que dimanche, c’était la fête des pères...» En attendant de prochaines vacances ou même sa fin de carrière, qui lui permettron­t de retourner au pays et de revoir

sa famille in situ, Filipo ne souffre pas vraiment de l’éloignemen­t... Il profite juste de son expérience à fond, et ne semble pas pressé d’en finir : « Je suis content d’être ici. Les gens sont sympas, très amicaux. Ils m’ont accepté comme j’étais. J’adore aussi la nourriture, notamment la salade et le pain. Et je suis sûr que ce sera une bonne saison...» affirme-t-il en rêvant déjà de confirmer au Stade Français.

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(Photo Boutria/Le Parc) Filipo Nakosi (au second plan), ne compte pas rester dans l’ombre de son frère, Josua Tuisova. Il veut faire aussi bien qu’à Agen...
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