Marc Vuillemot à Matignon mardi
Alors qu’il a sollicité le Premier ministre à deux reprises durant cet été (fin juin et début août), pour s’entretenir avec lui de la « situation gravissime » que connaît le quartier Berthe – théâtre d’une violence meurtrière depuis plusieurs mois – et demander l’aide de l’État, le maire de La Seyne essuyait, mercredi dernier, un double revers. Il apprenait que le Premier ministre, en visite à Toulon le lendemain, ne se rendrait pas à La Seyne ; et il recevait un courrier du cabinet d’Édouard Philippe lui indiquant que le locataire de Matignon ne pouvait accéder à sa demande d’une audience à Paris. Et puis jeudi, rétropédalage dans l’équipe du chef du gouvernement : dans la soirée, Marc Vuillemot recevait une sollicitation du cabinet du Premier ministre l’invitant à une conférence téléphonique, hier matin, afin de préparer l’entretien qu’il aura, mardi prochain, avec... Édouard Philippe. Un changement de cap qui semble évidemment consécutif au déplacement de ce dernier jeudi à Toulon (Var-matin d’hier), au cours duquel Hubert Falco l’a de nouveau sensibilisé à l’insécurité grandissante dans l’aire toulonnaise, et relayé les attentes de son homologue seynois.
« La situation n’est pas inéluctable »
Loin de se formaliser, le maire de La Seyne indique qu’il « aurait apprécié que le Premier ministre puisse consacrer quelques instants à entendre quelques-uns de nos concitoyens habitant dans nos quartiers populaires fragilisés, tant pour se faire une idée plus précise de l’impact terrible de la situation sur la vie de nos résidents, que pour leur témoigner la compassion et l’attention que l’État doit porter à la réalité qu’ils subissent ». Dans un billet publié hier sur son blog (1), Marc Vuillemot s’attache davantage à préciser les arguments qu’il souhaite aborder, mardi avec Édouard Philippe, afin de convaincre l’État d’attribuer des moyens supplémentaires à La Seyne : « Je lui dirai que, de l’avis de tous les spécialistes de la sécurité, de la rénovation urbaine et de l’accompagnement social des habitants des quartiers prioritaires, la situation seynoise est d’autant moins inéluctable que la violence criminelle est relativement nouvelle et qu’il est possible de l’éradiquer si des ressources humaines et logistiques sont allouées à la police ; et que la rénovation urbaine réalisée à Berthe a considérablement diminué les lieux offrant des possibilités de “zones de non-droit”, tandis qu’il pourra en être de même au centre-ville lorsque les crédits seront enfin débloqués ».
Gérard Collomb attendu
« J’expliquerai au Premier ministre, poursuit le maire de La Seyne, que c’est d’autant plus vrai que, pour peu qu’on leur redonne les moyens dont ils disposaient il y a quelques années, les acteurs publics et associatifs de l’éducation scolaire et périscolaire, de la prévention, de la formation et l’insertion professionnelle, du sport et de la culture, ont prouvé leur volonté et leur capacité à faire des merveilles pour éviter que les enfants, les adolescents, les jeunes et les nouveaux majeurs, premières cibles de la prédation opérée vers la délinquance par des criminels endurcis, soient protégés et se voient ouvrir d’autres perspectives de vie que le chaos mortifère qui semble aujourd’hui constituer leur unique horizon ». Au passage, Marc Vuillemot indique s’être entretenu au téléphone avec Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, « dont la visite est annoncée chez nous dans les prochaines semaines ». Et de souhaiter qu’il puisse, lui, « accepter la rencontre avec quelques Seynois en détresse ». Toujours est-il que d’aucuns ne pourront s’empêcher de penser qu’il aura fallu un nouveau meurtre dans le quartier Berthe pour attirer, enfin, l’attention du gouvernement sur ce qu’il se passe à La Seyne... 1. http://www.marcvuillemot.com