La ministre de la Santé calme le pouls des professionnels de la santé à Hyères
Invitée d’honneur de l’université d’été du premier syndicat des médecins libéraux, Agnès Buzyn s’est voulue consensuelle avant l’annonce de son grand plan santé, mardi à l’Élysée
Une ministre au milieu des estivants en tongs du Club Belambra de la presqu’île de Giens, c’était hier. Pas pour se prélasser, mais pour ouvrir la 24e université d’été de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, s’est présentée à 16 heures devant quelque 150 médecins libéraux en collant son discours au sujet majeur du colloque, «La pertinence des soins». La thématique tombait à point, la ministre plaidant ellemême pour « le juste soin, au bon patient, au bon endroit, au bon moment » tout en vantant la « proximité ». Une position toutefois difficile à tenir en terre varoise dans un contexte de « fermetures programmées » des maternités non loin à Hyères et dans le golfe de Saint-Tropez…
Maternités varoises suspendues à un audit
« Leur sort n’est pas scellé. Un audit est commandé et un rapport me sera rendu par deux professeurs de Lyon et d’Aix-en-Provence pour savoir les avantages ou non de laisser ces maternités ouvertes», désamorce d’emblée la ministre qui s’est vu remettre dès son arrivée un dossier sur le sujet par la députée La République en marche (LREM) de la quatrième circonscription, Sereine Mauborgne. Sur scène, Agnès Buzyn veille à donner le change lorsque le président de la CSMF, le néphrologue perpignanais Jean-Paul Ortiz, parle d’une «médecine libérale en souffrance et d’un système de santé qui va mal avec un accès difficile aux soins dans les territoires.» Sans omettre les « mouvements sociaux», écho direct au climat post-grève orageux des urgentistes de SainteMusse, à Toulon… « Notre système de santé est très cloisonné… Le malaise est ressenti partout, les pistes d’amélioration sont donc évidentes et la coercition n’est pas la bonne réponse », rassure la ministre de tutelle à l’attention d’un corps médical dont elle est elle-même issue. « Je n’ai pas dit que je voulais d’une médecine uniforme mais je pense à la façon d’harmoniser les pratiques, notamment pour les pathologies chroniques car notre système n’est plus adapté. Par ailleurs, quand on voit qu’il y a quatre fois plus de césariennes ou des traitements totalement différents des cancers du sein selon les territoires, je prône une pratique coordonnée», avance Agnès Buzyn, également très consciente des enjeux liés au vieillissement de la population.
En attendant le « scoop »
Se prêtant volontiers au jeu du question-réponse avec les spécialistes et généralistes dans la salle, la ministre avertit toutefois tout sourire qu’il n’y aura «pas de scoop » en cette fin de semaine. Et pour cause, Emmanuel Macron doit annoncer mardi, à ses côtés en direct de l’Élysée, son « grand plan de transformation du service de santé ». « Elle est beaucoup dans la com’. J’espère que nous n’aurons pas trop de déception… », glisse un professionnel en sortie de conférence. En attendant les sourires ou les grimaces en début de semaine prochaine, les tables rondes et ateliers se poursuivent en bord de mer hyérois jusqu’à dimanche avec la « pertinence » qu’il se doit.