Un toit pour les personnes gravement malades et précaires
Actu Structure unique en France, la maison Sainte-Croix au coeur de Nice offre un hébergement de plusieurs mois à des malades, en état de fragilité sociale et nécessitant des soins importants
Certains vivaient déjà dans la précarité. Ils dormaient dans leur voiture, dans les bois du Mont Boron à Nice, dans la rue… Quand la maladie les a frappés, l’hôpital les a accueillis, soignés… Mais après ?
D’autres menaient une vie dite « normale ». C’est l’irruption de la maladie dans leur vie qui les a fait plonger dans la précarité sociale. C’est le cas de cet employé de banque, objet de violences conjugales qui l’ont obligé à quitter le domicile. C’est le cas aussi de cette Grassoise, maman de trois enfants, victime d’un cancer récidivant depuis 10 ans, aujourd’hui amputée d’une jambe (lire témoignage ci-contre). Comment veiller sur sa famille, quand on est épuisée et en proie à des douleurs permanentes justifiant des soins réguliers dans un centre expert à Nice. On peut citer aussi le cas de cette sexagénaire, percluse de douleurs, qui ne peut plus accéder à son domicile à Saint-Jeannet, seulement accessible par un chemin escarpé que son corps épuisé ne lui permet plus d’emprunter. Toutes ces personnes – et bien d’autres – ont trouvé refuge pour quelques mois, des années parfois, à la maison Sainte-Croix, une structure propriété de l’Archiconfrérie des Pénitents Blancs (1) et abritant des appartements thérapeutiques (lire encadré). C’est un médecin, un soignant, une assistante sociale, du Centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne (CAL) en général (avec lequel la confrérie a signé une convention), qui, alertés par leur situation, ont pris contact avec cette structure unique en France. Le Dr Catherine Ciais, algologue au CAL, en est le médecin coordonnateur, Olivia Lienhart, l’infirmière coordinatrice. Régulièrement confrontées au cours de leur carrière professionnelle au CAL à ces problématiques d’aval de l’hôpital, elles témoignent: «Lorsque les
Ils ne peuvent
réintégrer leur
domicile
soins délivrés à l’hôpital sont terminés, que le patient est stabilisé, vient le temps de la sortie. Certains malheureusement ne peuvent réintégrer leur physiques, domicile, psychologiques, pour des motifs sociaux… divers : On prend connaissance de ce type de situations, des drames parfois vécus, lorsque les patients parlent, se dévoilent… Mais ce n’est pas toujours le cas. On peut citer le cas de ce jeune homme, atteint d’un cancer très grave, sans aucun revenu, hébergé par un ami à Cannes… Il ne venait plus à sa chimio. ‘‘C’est trop loin, je suis trop fatigué, je ne veux plus être traité… ’’, avait-il répondu à son cancérologue, inquiet de ne plus le voir. Ce médecin a tiré la sonnette d’alarme. » La suite ? « Nous l’avons accueilli à la maison Sainte-Croix ; il y est resté deux ans. Aujourd’hui, il est en rémission, a trouvé un logement et a… épousé l’auxiliaire de vie que nous avions sollicitée pour l’accompagner pendant ces deux années! » Tous les hôpitaux de la région, publics, privés, sont potentiellement confrontés à des situations de cette nature. Beaucoup connaissent l’existence de cette Maison. Mais pas tous. Et tous les patients ne se livrent pas. « Il y a des personnes en grande difficulté qui nous échappent certainement », regrettent d’une même voix Catherine Ciais et Olivia Lienhart. Car, même si la marge est faible, des appartements thérapeutiques restent disponibles. «On affiche 85 à 90 % de taux d’occupation. Les patients, une vingtaine par an, séjournent en moyenne six mois chez nous.» Ils doivent s’acquitter d’un loyer de 60 € par mois. Quand ils peuvent.