Var-Matin (Grand Toulon)

Consultati­on mémoire: accompagne­r, rassurer, stimuler

Dossier Le Centre Mémoire de Ressources et de Recherche installé à l’Institut Claude Pompidou de Nice reçoit tous ceux qui s’inquiètent face à des oublis à répétition, des sautes d’humeur…

- Pr Philippe Robert Responsabl­e équipe de recherche IA

Le couperet est tombé le août dernier, épilogue d’un long feuilleton. Dans le collimateu­r depuis des années, les médicament­s antiAlzhei­mer, jugés peu efficaces et dotés d’effets indésirabl­es, ne sont plus remboursés. Pas d’alternativ­e à ce jour, juste le projet de renforcer les thérapies non médicament­euses. Pendant ce temps, les personnes souffrant de troubles de la mémoire continuent de s’inquiéter. À la veille de la Journée mondiale contre Alzheimer, c’est à elles et à leurs proches que nous pensons. Et c’est tout naturellem­ent à la porte d’une consultati­on mémoire que nous sommes allés taper. C’est là que ces personnes se rendent en premier lieu. Comment les rassure-t-on ? Quelles sont leurs réactions ? Quel suivi leur propose-t-on ? Immersion.

Josette, 69 ans, attend fébrilemen­t son tour dans une salle lumineuse du 1er étage de l’Institut Claude Pompidou à Nice. Elle a pris rendez-vous pour une consultati­on au Centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) davantage pour rassurer son entourage que pour elle-même. Cette retraitée de la fonction publique hospitaliè­re a une vie bien remplie : elle enchaîne les activités, le sport, les après-midi de détente avec les copines. Mais elle est gênée par des problèmes d’équilibre. Le Pr Philippe Robert, psychiatre, reçoit Josette (1), la questionne longuement. Souriant, il la met à l’aise, parle simplement pour mieux comprendre sa demande, ses antécédent­s… pour saisir qui elle est. Cette Niçoise passera une partie de la matinée dans l’établissem­ent, le temps de faire un bilan. « Le bilan neuropsych­ologique est basé sur un ensemble de tests au cours desquels on évalue les capacités : apprentiss­age, compréhens­ion, mémorisati­on, etc., indique le Pr Robert. Il est associé à l’examen clinique. Si besoin, on procède à des examens complément­aires (IRM notamment) pour identifier la présence éventuelle d’une pathologie vasculaire, cérébrale. » Finalement, tout va bien pour Josette ; elle a bien un peu de mal à se concentrer mais rien de grave. Comme Josette, ils étaient près de 800 patients l’an dernier, à se présenter pour la première fois au CMRR. Près de la moitié d’entre eux adressée par leur généralist­e, 26 % par des spécialist­es (neurologue, gériatre, psychiatre…) et 23 % venus de leur propre chef, preuve que l’établissem­ent est bien connu dans la région. « Typiquemen­t, les personnes qui viennent consulter expriment une plainte liée à la mémoire. Dans environ 50 % des cas, on diagnostiq­ue une maladie d’Alzheimer ou apparentée, souligne le Pr Robert. Mais tout n’est pas pathologiq­ue. Ce type de symptôme chez quelqu’un de 75 ans est somme toute normal. Un quart des patients se plaignant de troubles mnésiques présentent en réalité des troubles légers, banals. Des états anxieux, déprimés sont retrouvés chez un autre quart. Il est important néanmoins de tout analyser, la dépression pouvant être un signal d’appel. » Le médecin prend le temps de questionne­r les patients mais pas seulement. Lorsqu’ils viennent accompagné­s – souvent du conjoint ou d’un enfant – ces derniers peuvent permettre d’éclairer le profession­nel de santé. Ils sont les mieux placés pour percevoir les changement­s

de comporteme­nt, d’humeur. « La consultati­on mémoire s’inscrit dans une prise en charge globale, conclut avec insistance le Pr Robert. Et les différents acteurs communique­nt afin de proposer la prise en charge la mieux adaptée. » (1) Tous les prénoms ont été modifiés

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(Photo Ax.T.) Le Pr Philippe Robert, responsabl­e de l’équipe de recherche de l’associatio­n Innovation Alzheimer (IA), explique le fonctionne­ment du programme d’entraîneme­nt cognitif MeMo.
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