Moi, j’aime d’abord la vitesse pure ”
Pour lui, le top départ était fixé à 12 h 30. Hier, Régis Laconi, encore une fois, a offert un bon bol d’air aux « victimes consentantes » du concours 4G-Motul. Deux boucles du Paul-Ricard plein gaz sur le porte-bagages du vainqueur du Grand Prix de Valence 500cc 1999, il paraît que ça décoiffe... Nous, on s’est sagement contenté de faire un brin de causette avec le vice-champion du monde Superbike 2004. Toujours en mode « speed », à quarante-trois ans...
Régis, depuis quand tenez-vous ce rôle de guide assez particulier ? Depuis trois ans. L’école de pilotage G Moto, pour laquelle j’effectue des baptêmes de piste régulièrement, s’est associée avec Motul. Ouvert jusqu’au août, leur jeu concours permet à cinq personnes de boucler deux tours de circuit avec Bernard Garcia ou avec moi juste avant le départ du Bol d’Or. Personnellement, j’aime beaucoup ces expériences. Partager notre plaisir, c’est super. Un pilote en activité, vous savez, il vit dans sa bulle, il ne pense qu’à lui. Là, le contact avec les passionnés est direct. On leur offre des frissons uniques sur cette nouvelle Ducati Panigale V de série chaussée de pneus slicks, une machine fabuleuse.
Justement, les chevaux du moteur cylindres, là, vous les exploitez à , ou % ? Ça dépend de la personne qui est derrière. Très vite, je sens si elle est à l’aise, si elle s’engage dans les virages avec moi, si elle connaît le tracé. Par rapport au potentiel de la moto, arriver à ou %, c’est déjà bien, mais il faut que mon passager m’aide. Qu’il me fasse confiance... Qu’il ne flippe pas, quoi ! Lui, moi et la moto, on ne doit faire qu’un.
Parlons de vous : dix ans après cette terrible chute en Afrique du Sud qui a mis un terme prématuré à votre carrière, avez-vous réussi à tourner complètement la page? Tirer un trait sur la course, ce n’est pas évident. Il m’a fallu un certain temps pour accepter cela. Aujourd’hui, je compense en faisant beaucoup de sport. Je suis un malade de vélo. Le week-end prochain, d’ailleurs, je disputerai le parcours de bornes des Bosses de Provence, une cyclosportive qui passe juste à côté du circuit Paul-Ricard. Mes rôles d’ambassadeur pour Ducati et les casques LS m’ont aussi aidé à franchir le cap. Mais je vous avoue que quand je suis au Grand Prix de France, chaque année, au Mans, l’envie de reprendre le guidon me tenaille sérieusement.
Pas ici? Non. L’endurance ne m’a jamais attiré, soyons francs. Moi, j’aime d’abord la vitesse pure. Même si les courses de heures sont des sprints, désormais, il faut garder une marge. Impossible de tutoyer la limite sans cesse. Et puis le fait de partager le guidon à trois impose des compromis côté réglages. Courir avec une moto approximative, qui ne me convient pas parfaitement, ce n’est pas ma tasse de thé, voilà ! Près de deux décennies se sont écoulées depuis votre jour de gloire à Valencia au guidon de la Yamaha Red Bull. Et vous êtes toujours le dernier vainqueur français dans la catégorie reine... Oui, je l’ai fait. J’ai gagné un Grand Prix . Cette victoire, hélas unique, a suscité pas mal de commentaires, parce que la piste était mouillée. Mais la veille, j’avais tout de même décroché la pole sur le sec. Et un peu plus tard, je finis e en Australie dans le sillage du vainqueur, à dixième... Alors, bien sûr, j’aurais aimé obtenir plus de résultats, durer plus longtemps en MotoGP. À l’époque, il faut dire que les pilotes français ne surfaient pas sur la même vague qu’aujourd’hui. Le sport moto s’est beaucoup développé, notamment sous l’impulsion de Claude Michy (le promoteur du GP
Celui qui me revient en tête, là, tout de suite, est douloureux. À la sortie de la courbe de Signes, en , lors des essais libres du Grand Prix de France , je fais une équerre magistrale, puis un high side. Choc brutal, combinaison explosée, brûlures au troisième degré au niveau de l’omoplate... Malgré la douleur ô combien intense, je remets le cuir l’après-midi. En course, deux jours plus tard, j’ai souffert le martyre d’un bout à l’autre. Mais j’ai quand même fini e.