« Nous serions enfin en sécurité»
« Je suis une travailleuse du sexe. C’est pour pouvoir vivre et manger que j’ai commencé ce métier, quand j’étais jeune. Mais aujourd’hui, je ne me sens plus en sécurité dans la rue. Je souhaite qu’enfin on puisse rouvrir les maisons closes ! » Barbara (1) est aujourd’hui âgée de 40 ans. Après avoir travaillé sur Nice, elle est aujourd’hui à Marseille et vient régulièrement à Toulon, où nous l’avons rencontrée. Pour elle, aucune hésitation, cette mesure de réouverture serait un gage de survie.
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
Je suis originaire du nord de la France. De Lille. Et j’ai commencé à travailler à l’âge de ans.
Directement en tant que “travailleuse du sexe” ?
Je dois d’abord vous préciser que, à cette époque, tout était différent pour moi.
Que voulez-vous dire ? Qu’aujourd’hui, je ne me considère plus comme transsexuelle. Je ne me souviens même pas avoir été un homme... Aujourd’hui, je suis Barbara.
C’est cette situation ambiguë qui vous a amené sur le trottoir ? Il a bien fallu que je trouve du travail ! Pour manger. Pour dormir. Pour vivre !
Vous avez alors quitté votre famille ? Et mes amis. Ma ville. À ans, je suis partie à Paris. En quête d’une nouvelle vie. Avec seulement le RMI, ce n’est pas assez. Je me suis
alors lancée dans la prostitution. Pendant deux ans, je me suis impliquée dans ce milieu de la prostitution parisienne.
Dans quel état d’esprit avez-vous découvert cet environnement ? C’est très impressionnant. Surtout en ce qui concerne notre mise en sécurité.
Vous avez été personnellement victime de violences ? Un soir, alors que je travaillais dans le périmètre du bois de Boulogne, un client m’a placé un couteau sous la gorge. Et je peux vous dire que c’est une situation de stress terrible !
Un autre exemple ? Il y a, comme ça, des menaces incessantes. À titre personnel, c’est la seule véritable agression dont j’ai été victime. Mais une amie, une nuit, a été prise à partie par trois jeunes individus et s’est retrouvée complètement abandonnée après leurs forfaits... C’est pour cette raison de sécurité que vous cette proposition de réouverture de maisons closes vous plaît ? Bien sûr ! Ça ne peut pas continuer comme ça ! Depuis (la loi du mars a instauré la pénalisation des clients de la prostitution, Ndlr), le client refuse de prendre le moindre risque. Il ne veut pas payer notre prestation pour, en plus, risquer de prendre une amende ! Alors, il exige de nous voir dans les quartiers les plus sombres et les plus isolés possibles. Donc les endroits les plus glauques. Mais, surtout, les endroits les plus insécurisés. Et les plus dangereux pour nous...
D’où votre combat pour la réouverture des maisons closes, alors ? C’est ça ! Au moins, avec cette réouverture, nous serions placés en milieu plus ou moins sécurisé.
Cette proposition de la députée du Var vous satisfait donc...
Mais c’est génial ! Je compte absolument sur cette prise de position pour lancer le débat et appuyer notre besoin de sécurisation de notre métier. Mais...
Mais ? Je ne crois pas que je verrai cette réouverture avant la fin de mon activité. Je ne crois pas que ce sujet fasse partie des priorités du gouvernement et de nos représentants. Je pense qu’ils répondront qu’ils ont autre chose à faire que de penser à la vie et à la sécurité des prostitués...
1. son prénom a été modifié.
Ils ont d’autres priorités que notre sécurité”