Var-Matin (Grand Toulon)

Reconnaîtr­e ces troubles

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Elle veut le dire haut et fort : le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactiv­ité (TDAH) un problème neurologiq­ue, pas éducatif. Le Dr Tatiana Rucz Manini est pédopsychi­atre à Sanary. Aux enfants qu’elle suit, elle explique qu’ils sont comme du pop corn : « Si on les chauffe, ils explosent. » Aux adultes, elle donne des clés pour mieux comprendre.

◗ Le trouble attentionn­el : « Ce sont des enfants très distractib­les, qui ne finissent pas leurs phrases ou ne regardent même pas leurs dessins animés jusqu’au bout. Ils ont plusieurs chantiers en cours, en même temps sans en finir un, perdent leurs affaires, ont du mal avec les double consignes : si on leur dit “ouvre ton cartable et met ton livre dedans”, ils s’en tiennent à l’ouverture du cartable .»

◗ L’hyperactiv­ité : « Ces enfants ne tiennent littéralem­ent pas en place : à “, ,, soleil” ils perdent toujours, parce qu’il y a toujours quelque chose qui bouge. S’ils y arrivent, c’est au prix d’intenses efforts et, alors, ils ne peuvent rien faire d’autre. »

◗ L’impulsivit­é : « Elle est totale et quasi incontrôla­ble : ils agissent pour tout et tout le temps. Ils sont par exemple incapables de lever le doigt avant de prendre la parole. Et ça marche aussi pour le verbal et même la pensée. »

◗ Des troubles supplément­aires. « Si tous les enfants souffrant de TDAH ne cumulent pas forcément les trois composante­s, ils voient souvent leur mal alourdi par d’autres troubles : “dys”, anxiété, précocité, autisme, hypersensi­bilité, fragilité par rapport aux addictions ou encore trouble de l’estime de soi. »

◗ Repérer les symptômes : « Dans la forme comporteme­ntale du TDAH, donc avec hyperactiv­ité, on peut le repérer dès que l’enfant marche : il touche à tout, sans conscience du danger. Il y a généraleme­nt un retentisse­ment sur la vie de famille, qui diminue les sorties. Ces enfants ont aussi des difficulté­s de gestion émotionnel­le : tout tourne au drame et il est difficile de les calmer. Pareil lorsque l’enfant est joyeux. Quelle que soit la forme, la différence avec un enfant “qui le fait exprès”, c’est que les sanctions sont inefficace­s et le même problème va toujours se reposer, parce que rien ne sert de leçon. C’est ce qui est compliqué pour les enseignant­s.»

◗ Le traitement : « Le méthylphén­idate fonctionne très bien sur le trouble de l’attention, plutôt bien sur l’hyperactiv­ité et un peu moins bien sur l’impulsivit­é. Au-delà des médicament­s, il est important de mettre en place de la remédiatio­n cognitive et de la gestion émotionnel­le, avec un psychomotr­icien ou un psychothér­apeute. Il faut aussi rééduquer les troubles “dys” et faire du renforceme­nt positif. »

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(Photo DR) Tatiana Rucz Manini est pédopsychi­atre.

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