Var-Matin (Grand Toulon)

Marine Le Pen remise en selle

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Faut-il croire au hasard ? Le jour même où Marine Le Pen fait sa rentrée à Fréjus, sa jolie nièce, Marion Maréchal (qui a renoncé au nom de Le Pen) inaugure à Lyon son institut de Sciences sociales et politiques à vocation conservatr­ice. Signe que la seconde se tient en position de recours vis-à-vis de la première ? Sans doute. Mais Marion devra attendre encore un moment. On croyait l’ex-Front national et sa présidente dans une phase difficile : soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen, lourde amende imposée au mouvement,- au point que celui-ci n’a pas pu financer son université d’été. Et puis voilà qu’un sondage, tombé opportuném­ent pour elle, et lourdement sur la classe politique tout entière, la remet en selle de façon inespérée : pour les élections européenne­s de , les listes de la France en marche d’Emmanuel Macron ne domineraie­nt les listes du mouvement national que d’un demipetit point, les autres partis, de gauche et de droite, relégués en fond de classe. C’est assez pour qu’à Fréjus, hier, Marine Le Pen remonte sur scène comme dopée par ces prévisions qui lui donnent, une seconde fois après la Présidenti­elle, l’occasion de se confronter directemen­t au chef de l’Etat. Dopée, elle l’est aussi par la progressio­n de la vague populiste en Europe, qui permet à la Présidente du MN de s’inscrire dans un élan global, de l’Autriche à la Hongrie en passant par l’Italie si proche. Elle jubilait visiblemen­t hier, Marine Le Pen, lorsqu’elle a déroulé, pendant les deux tiers au moins de son discours, ses arguments sur l’insécurité et l’immigratio­n. Les mêmes que développen­t dans chacun de leurs pays, et avec la même force Mattéo Salvini, le ministre de l’Intérieur italien ou le Hongrois Viktor Orban. Elle ne se sent plus seule désormais. « Changer l’Europe » :son nouveau slogan traduit sa volonté de rester dans l’Europe pour y imposer, avec d’autres, la voix qu’elle croit être celle des peuples. Oui, Marion Maréchal devra patienter pour reprendre les rênes de ce qu’elle appelle toujours, elle, le Front national. Pendant qu’elle tente de donner un corps de doctrine à l’extrêmedro­ite, Marine joue sur la montée du populisme. L’air du temps lui donne des ailes.

«Elle jubilait hier, lorsqu’elle a déroulé, pendant les deux tiers de son discours, ses arguments sur l’insécurité et l’immigratio­n ».

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